@EdmondSimeoni  » #Corse : Le clan et la corruption de la démocratie « 

Le système claniste qui a dégénéré par rapport à ses valeurs initiales d’entraide, de solidarité, d’amitié, est devenu un système de clientélisme dominant qui étrangle la démocratie, empêche l’émancipation de la Corse et corrompt totalement la société.

Il est la courroie de transmission, par dynasties interposées, de la politique coloniale. Il n’est pas soluble dans la démocratie et n’est pas compatible avec un projet d’une Corse maîtresse de son destin, démocratique et solidaire, développée. Il doit donc être combattu sans ménagement mais sans violence.Le procès de l’Etat français en Corse n’est plus à faire ; le bilan est désastreux, les retards structurels considérables, le développement en panne, la précarité et le chômage sont préoccupants ; les problèmes sans solution – Miot, Transports maritimes, Urbanisme avec 13 PLU Invalidés, énergie à la traîne depuis 50 ans, la criminalité impunie….-sont la règle. La principale raison tient au fait que la France, Pays hier impérialiste, puis colonialiste et enfin hyper centralisé, a un mode de gestion de son territoire, périmé, archaïque alors que les autonomies foisonnent en Europe – plus de 80- ; elle a créé quatre Statuts en Corse pour empêcher l’Autonomie Interne et il est inconcevable pour elle envisager le moindre processus de dévolution politique ; sauf si elle y est contrainte comme hier en Algérie, Indochine, Afrique etc.

Par contre, l’ennemi intérieur du peuple corse est le clanisme – endogène, fondu, incrusté, dans la société,- qui a évolué, depuis cinquante ans, vers l’affairisme et le clientélisme ; nous savons que cette pratique sociale préexistait sous la domination de Gênes et qu’on la retrouve en Méditerranée et ailleurs. C’était une adaptation à des conditions politiques, économiques et sociales instables, précaires ; le regroupement des populations en factions autour de gens influents, puissants, ayant de l’entregent sur place et avec l’occupant hier génois et aujourd’hui français, avait pour but de protéger la famille au sens large, de lui assurer la sécurité, des activités, des avantages dus ou indus, les honneurs, les rentes. Le deal était simple : la contrepartie était l’allégeance inconditionnelle aux protecteurs locaux qui négociaient leurs propres avantages et ceux de leurs clients avec l’autorité coloniale à laquelle ils étaient soumis.

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Le bouleversement majeur dans cette pratique archaïque, est intervenu dans les années 1950, avec l’introduction  massive de l’argent dans la société corse, due aux Trente Glorieuses, à la mise en valeur de la Côte Orientale avec l’arrivée de Rapatriés en 1962, avec le développement des marchés publics ; cette évolution a charrié la corruption financière, le banditisme, l’importance croissante des mandats électifs dont la conquête a fait muter la fraude électorale, gentillette, folklorique mais scandaleuse et omniprésente sous l’œil bienveillant, complice et intéressé de l’Etat ; elle est devenue systématique, organisée, répulsive, démentielle, étant pratiquée à égalité, dans une forme de surenchère de la honte, par les deux clans dominants et leurs obligés : Jean Paul de Rocca Serra et François Giacobbi. Le suffrage universel a été réduit à l’état de serpillière, a ruiné la démocratie, perverti la société corse, écœuré la jeunesse et semé les graines de la radicalisation politique.

La passivité de l’Etat a été totale ; aucune sanction pénale, pas de peine d’inéligibilité, aucune réforme de fond si ce n’est une refonte positive des listes électorales, imposée par  Pierre Joxe, avortée faute de suivi ; ni aucun contrôle des Centres de Réformes ou de la COTOREP, ou des marchés publics et des Adjudications ou du Crédit Agricole, grand dispensateur de la manne financière. La passivité de l’Etat était la récompense pour le clan, de sa soumission totale, servile, déshonorante, à Paris ; comble de la provocation, le clan stigmatisait notre contestation, – nous étions des irrédentistes, des fascistes- née avec l’affaire de l’Argentella en 1960 ; il  jurait de son attachement à la démocratie,  invoquait la fidélité à la France,  à la République devenus progressivement et inévitablement des repoussoirs, par superposition de l’image « Etat-clan ».

 Le lit du rejet a été patiemment creusé, dans l’aveuglement, la dénégation puis la répression, par l’Etat et le clanisme complices ; la naissance de la violence était prévisible, inévitable, devant l’absence de la démocratie et de l’état de droit –Boues rouges en 1973, Aléria en 1975 puis le FLNC en 1976- et compte tenu que les droits élémentaires du peuple corse, niés, méprisés, n’étaient pas défendus par ceux qui en avaient la charge.

La novation, importante, introduite en Corse a été le Statut Particulier de François Mitterrand en 1982, avec la création de l’Université, la réforme de l’audiovisuel, la suppression de la Cour de sûreté de l’Etat, la neutralisation des Barbouzes de Francia qui nous a infligé 62 attentats impunis, l’amnistie….. Heureusement que nous, d’autres nationalistes, des forces de progrès, la jeunesse, les femmes, des Corses de la Diaspora avons relevé le défi colonial et claniste qui nous conduisait irrémédiablement au tombeau !!! Et que nous enrayé, dans la souffrance, le prisons, les deuils, les épreuves, l’incompréhension, la spirale funeste de notre disparition collective et redonné vie à l’espérance du peuple, après cinquante ans de luttes acharnées, mettant ainsi en échec les fossoyeurs patentés et ligués du clanisme et de l’Etat, tandis qu’ils étaient armés de toute la force de la puissance publique et ne reculaient devant l’emploi d’aucun moyen. Ils sont seuls responsables en Corse de la violence contemporaine  et surtout de la naissance et de l’enracinement du sentiment anti-français en Corse. Aujourd’hui, nos idées sont largement partagées en Corse, dans la société politique et dans le monde économique ainsi que dans la diaspora.

Le clan a encore muté depuis 1980 ; confronté à trois statuts particuliers, délayés sur quarante ans, et à un autre en préparation, là  où un seul Statut d’Autonomie Interne, dans le cadre de la République Française, aurait suffi  et normalisé la situation, le clan n’a dû sa survie qu’aux attitudes dilatoires et au soutien de l’Etat, arcbouté contre les réformes, et surtout qui n’a pas introduit la démocratie dans la vie publique en Corse, la condition de base de tout changement réel. L’Etat est certain que le temps joue contre le peuple corse par l’aliénation du patrimoine et l’arrivée annuelle de 4.000 personnes environ. Donc, il atermoie !!

Deux clans, deux dynasties dominent la vie publique avec quelques ramifications et fiefs  de moindre importance.

* celui de Camille de Rocca Serra qui a beaucoup décliné depuis 20 ans et contrôle désormais peu de centres de pouvoirs, de moyens de pression ;  il cède sous le renouvellement de ses élus, et sous la perte des postes d’influence ; le Conseil général de la Corse du Sud a mené une  politique moins clientélaire, moins contraignante qu’en Haute Corse dont le pédigree  éthique est affligeant. La Corse du Sud ne connait pas le climat, les mises en cause sévères et pénales que la Haute Corse affiche régulièrement.

* Celui de Paul Giacobbi  qui a une véritable addiction pour le pouvoir ;  il a construit, méthodiquement, sur la base du legs familial, dynastique, une véritable machine électoraliste, rodée ; il tente aujourd’hui une véritable Opa sur la CTC, lieu symbolique et réel  du pouvoir corse, et au-delà une Opa sur la démocratie en Corse. Son succès serait funeste. Il ne sera pas et il sera mis en échec par le seul moyen de la véritable démocratie, sans aucune violence.
La période des emplois multipliés à l’infini étant presque révolue- tarissement des dotations, subventions, aides-, il a fallu changer de stratégie. La méthode  de la soumission politique reste quand même opérationnelle pour assurer, conforter un socle électoral fragile. (pression sur les appels d’offres, sur les marchés publics, troc sur les logements….) Par contre, l’homme, intelligent, a compris que la nouvelle pièce maitresse de la domination sur la société serait la corruption politique de masse, faisant fi de la démocratie, des opinions politiques et des idéologies, des électeurs qu’il suffit de contourner par des artifices.

Paul Giacobbi qui à ce jour, n’a pas le soutien de l’Etat,  a donc opté pour une option stratégique – la maitrise de l’argent public- dont le moyen privilégié est la qualité d’ordonnateur de dépenses ; il a donc réalisé la prise du Conseil Général de Haute Corse dont il a été le Président, en Mars 1998 jusqu’au mois d’Octobre 2010 ; là, il a assis son pouvoir sur la ruralité ; puis il a organisé sa succession avec Joseph Castelli qui a lui-même cédé la place à François Orlandi,- en 2015- tous du sérail.
En 2010, il est devenu président du Conseil Exécutif de Corse ; il a le poste stratégique irremplaçable puisque qu’il lui assure la maitrise totale – avec sa majorité, il contrôle  les Agences, Offices, Service des routes ex)-de la réalisation de tout projet éligible au financement public.

On comprend mieux dès lors, comment Paul Giacobbi peut bâtir une liste, qui ratisse avec efficacité et dont la partie éligible sera composée de nombreux élus, de personnalités d’influence ou autres porteurs de projets à financer, apporteurs de suffrages mais toujours demandeurs divers. La liste de PG comporte vingt trois maires et conseillers départementaux dont le Président du Conseil départemental de la Haute Corse !! Eclairant et Edifiant !!!

Un épisode électoral récent vient démontrer la réalité et l’efficacité du montage du « système Giacobbi » : un tract de José Galletti, maire, distribué dans sa propre commune  de Lucciana : il précise « qu’il est de droite et qu’il reviendra à son choix politique en 2017 » ;  Lucciana a été bien traitée pour ses nécessités justifiées en investissements ; « il lui voue de la reconnaissance et incite ses administrés à faire de même en votant pour Paul Giaccobi aux élections territoriales de Décembre 2015 » ; « Le débat d’idées demeure à d’autres échelons électoraux et reprendra ses droits en 2017 ». -Pour l’élection présidentielle, sans doute- ! Pour l’heure, la consolidation de l’expansion communale et le devoir de reconnaissance qui s’y rattache doivent primer ».

 Il précise même, pour étayer sa démonstration : «Nous n’avons au demeurant pas été les seuls, parmi les communes dites de droite – Du Cap Corse à Bonifacio, d’Alistro à Porto ce ne sont pas les exemples qui manquent – à bénéficier de sa vision novatrice du développement des territoires. » (fin de citations)
L’aveu cynique, public d’un système de troc : des votes, venant de droite en l’occurrence, contre l’argent public. La marchandisation du suffrage universel est revendiquée et a fait école selon Mr Galletti.

Ainsi, un maire, par reconnaissance des services rendus à sa commune, s’enrôle sous la bannière de PG et ne réalise même pas ce que sa démarche comporte d’anormal, de cynique – les suffrages contre les investissements- avec la volonté se généraliser à la Corse ce système frauduleux, corrupteur de la démocratie, dangereux pour l’avenir d’une île et surtout d’un peuple, privés de valeurs morales, d’éthique. Et traité comme une valeur mercantile.

Nul ne peut plus se prévaloir désormais en Corse, en France, en Europe de l’ignorance du système claniste, de ses turpitudes, de son projet néfaste… L’accompagner, l’accepter, le banaliser,  c’est le valider, lui donner la caution morale, l’encourager à poursuivre dans une voie, funeste et sans issue.

Les électeurs ont, en Décembre 2015, le choix démocratique avec des listes et des candidats non-clanistes, à droite, à  gauche, chez les nationalistes bien sûr ; il faut les privilégier pour assainir la Corse sans violence, la développer, lui apprendre l’exercice de la démocratie et l’enraciner sans appel dans un système qui respecte l’homme, les valeurs, sa dignité, ses choix, ses libertés alors que le système actuel qui a échoué en Corse est en pleine déshérence et nous conduit, par con caractère amoral, ses dérives aggravées en permanence, à l’abîme :  perte de notre identité collective, de nos terres, violences généralisées,  non-droit institutionnalisé, société bâtie sur la force et l’argent, mafia.

Il faut faire échouer cette Opa sur la Corse et sur la démocratie pour constituer, sur un programme et un contrat publics, un gouvernement sain, transparent, de différentes sensibilités, ayant des principes, – éthique, économie partagée, solidarité, responsabilité- soucieux de l’intérêt général et dépourvu de toutes relations sulfureuses. . Avec l’aide des progressistes, de l’opinion et de la conscience internationales, déjà alertés et donc en éveil, nous parviendrons au dialogue avec l’Etat puis à un nouveau contrat, respectueux des intérêts légitimes des parties.

L’Etat sera alors contraint de nous écouter et d’accéder à une demande d’Autonomie, dans le cadre de la RF et de l’Union Européenne.

Le peuple corse, habitué des épreuves difficiles, y parviendra. J’en suis certain

Dr Edmond Simeoni
Ajaccio le 31 Octobre 2015

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