« La République impériale contre la langue #corse »

Le jeudi 17 décembre 2015 est entré dans l’Histoire par la grande porte. Pour la première fois depuis le XVIIIème siècle et la période d’indépendance, la Corse a, à la tête de ses institutions, un mouvement politique se réclamant des droits nationaux, c’est-à-dire décidé à faire du peuple corse un sujet politique majeur.

Dire cela n’est pas affirmer, ni même croire, qu’une majorité relative à l’Assemblée de Corse mènerait automatiquement à une reconnaissance du droit au peuple corse à décider pleinement de son avenir. La Collectivité territoriale de Corse, institution aux pouvoirs certes étendus mais loin, très loin, des autonomies de l’Etat espagnol, des Länder allemands ou même des îles du territoire italien reste un pouvoir mis en place par l’Etat français pour gérer les affaires locales, tant que les décisions prises ne menacent pas la sacro-sainte unité de l’Etat français.manfiLinguaCorsa25112004Corti (15)

Un exemple parmi les plus symboliques est la question de la langue corse. Parce qu’elle est une manière d’exprimer le monde, notre monde, parce qu’elle est le vecteur des échanges du peuple corse depuis des siècles, en clair parce qu’elle est partie intégrante de ce que nous sommes, la langue corse est un combat majeur, essentiel, de ceux qui n’ont jamais renoncé à faire de la Corse et de son peuple une voix à part dans le concert international.

Une voix qui ne porterait pas plus que les autres, car, à supposer qu’elle en aurait les moyens, elle n’a aucune volonté expansionniste. Mais une voix qui ne porterait pas moins, car, aussi petite soit-elle, elle est grande de sa richesse faite de siècles de construction et, parce qu’elle est la langue quotidienne d’hommes et de femmes, elle a droit à la vie.

C’est ce qu’a voulu affirmer Jean-Guy Talamoni, militant indépendantiste nouvellement élu président de l’Assemblée de Corse le 17 décembre dernier, lors de son discours inaugural.

En s’exprimant dans la langue de ses ancêtres dont il souhaite faire naturellement la langue de ses enfants, Jean-Guy Talamoni a affirmé que le peuple corse était vivant car sa langue était vivante.

Or, de l’autre côté de la Méditerranée, au nord, plusieurs voix se sont élevées pour s’en indigner. Ces voix sont celles de certains éditocrates, de certains politiques qui, lestés d’idées misérables se voient obligés de hausser le ton pour se faire un nom. Hausser le ton, non pour résister au vacarme d’un monde injuste, mais pour écraser l’autre, comme le maître crie sur l’esclave pour se convaincre de son pouvoir.

En quelques jours, venant de personnes de droite et de personnes se croyant de gauche, nous avons donc entendu des appels à sanctionner Jean-Guy Talamoni pour avoir parlé en corse. Mieux, l’inénarrable Christophe Barbier, parvenu parmi les parvenus, appelait, du haut de sa petitesse, à destituer l’Assemblée de Corse, pourtant élue par les électeurs insulaires. Son argument ? « La démocratie est là pour faire fonctionner la République, la République est au-dessus de la démocratie. Si la démocratie met en danger la République, il faut arrêter la démocratie. »

Si le ridicule ne tue pas, l’impérialisme lui, le fait tous les jours. Le scribouillard Barbier rêve d’en être l’un des agents, l’une des plumes, car il sait que sa seule façon d’exister est de se placer du côté du manche.

Mais, au-delà de Christophe Barbier, il y a là une idée largement répandue dans la politique française, y compris chez ceux qui se proclament les premiers défenseurs des droits humains. Celle que leur République instaurée par la bourgeoisie pour la bourgeoisie, serait le modèle indépassable comme d’autres professent que le capitalisme est le système économique ultime. Cela conduit donc à écraser tous ceux qui sortent du moule « une République, un peuple, une langue, une domination ». Il fallait tuer les peuples soumis à la domination française, et leurs langues, pour construire, artificiellement, une République prétendue sociale, « une et indivisible » par la force des armes ou par le pouvoir plus pernicieux de l’école.

L’universalisme républicain n’est rien d’autre que le masque actuel de l’impérialisme français. Ceux qui défendent l’un soutiennent l’autre. Républicains intégristes et impérialistes déclarés seront jugés ensemble par l’Histoire, et relégués dans la même poubelle.

C’est pour ne pas perdre son âme car elle est ce que nous sommes, c’est pour résister à une uniformisation mortifère car elle est une part du patrimoine de l’humanité, que nous continuerons à parler cette langue que nous ne laisserons pas mourir. Et que nous oublierons les Barbier, Mélenchon, Guaino et leurs amis dans l’obscurantisme qu’ils n’ont jamais quittés.

Ch’ella campi a lingua corsa chi u so populu hè arrittu !

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