#corse « Le Tour de France est passé, et alors ? »

La centième édition du Tour de France cycliste, l’un des événements sportifs les plus regardés au monde, est donc partie de Corse, il y a quelques jours. Comme l’a judicieusement remarqué Corsica Libera dans un communiqué, cette décision de faire partir « la Grande Boucle » d’une ville située en dehors de France est devenue habituelle ces dernières années et il n’y a donc pas lieu de s’en étonner. Portivechju a donc succédé à Liège, Rotterdam, Monaco, Brest ou encore Londres.

Ces derniers mois, l’ensemble des institutions de l’île ont multiplié les actions pour nous présenter la venue du Tour en Corse comme un évènement exceptionnel en même temps qu’il s’agissait d’une chance inouïe pour le peuple corse. L’accent a particulièrement été mis sur les « retombées » dont la Corse allait bénéficier en termes d’image et, par conséquent, sur le plan économique avec l’apport de nouveaux touristes. Un apport, d’ailleurs, dont la nécessité n’est jamais discutée, alors que la population insulaire est déjà multipliée par dix en période estivale.

Rares sont ceux qui ont osé émettre un avis contraire ou même simplement se permettre de poser quelques questions quant au sens des investissements réalisés et de l’énergie déployée pour accueillir pendant trois jours la caravane d’Amaury Sport Organisation. Selon une stratégie largement employée par le gouvernement français sous l’ère Sarkozy qui qualifiait de « conservateur » tous ceux refusant son entreprise de casse des droits sociaux, celui qui osait questionner le Tour en Corse était forcément un rabat joie, au mieux, un rétrograde, au pire. Heureusement, quelques voix se sont tout de même faites entendre, même si trop faiblement au regard du matraquage médiatique institutionnel, comme celle de Didier Rey lors de l’émission Cuntrastu (extrait de l’émission).

Pourtant, l’organisation de ce genre d’évènements sportifs d’importance mondiale doit nous interroger. Au-delà du bilan économique, difficile à établir sans le recul nécessaire de plusieurs années malgré les affirmations péremptoires de certains comme Georges Mela, il faut donc se poser des questions quant au sens donné à la venue du Tour en Corse.

Si le Tour de France n’a pas nécessité d’investissements publics aussi importants que peut le demander l’organisation de Jeux Olympiques ou d’une Coupe du monde de football et s’il ne faut pas considérer la dépense publique comme néfaste a priori, il faut s’interroger sur son utilité dans le cas présent.

La promotion de l’image de la Corse ? Celle-ci est déjà l’objet de nombreuses campagnes publicitaires de la part de l’Agence de Tourisme de la Corse, depuis plusieurs années. Certes, Vanina Pieri a évalué à l’équivalent de 150 budgets annuels de l’ATC la médiatisation offerte par le Tour de France, mais quelle est cette image diffusée dans plus de 180 pays ? De superbes paysages et une île relativement préservée, point. Le téléspectateur n’a jamais su comment cette terre a pu arriver ainsi jusqu’à nos jours, quels projets ont été portés puis abandonnés par des spéculateurs de toute sorte. Surtout, sans les inscriptions de militants politiques, il ne saurait pas plus qu’un peuple vit sur cette terre. Même le Nouvel Observateur s’en est ému dans un article publié sur son site : les Corses ont tout simplement été mis à l’écart de ce Tour. Symboliquement, quasiment aucune place n’a été donnée à la langue pendant ces trois jours, alors que cela aurait pu servir de vitrine à la revendication d’une véritable reconnaissance de celle-ci, quelques semaines après le vote historique de l’Assemblée. De la même façon, le « village corse » censé promouvoir la production insulaire a bien été installé mais dans un coin, loin de l’arrivée.

Et cela rejoint une autre question, le Tour de France est-il un évènement populaire ? S’il l’a été un jour, il ne l’est définitivement plus. En réalité, aucune compétition sportive de cette ampleur ne l’est. Il suffit de regarder les Jeux Olympiques et autres Coupe du monde de football. Des milliards sont investis dans des infrastructures qui ne serviront qu’à l’élite sportive, les grandes entreprises et leurs patrons remplissent leurs comptes en banque, les épreuves sont inaccessibles à la grande majorité d’une population locale qui doit se contenter de travailler (dans des conditions inacceptables) à la construction de stades, se faire expulser de ses quartiers et voir les flics se multiplier dans ses rues. La mobilisation populaire au Brésil nous en fournit une nouvelle preuve…

Dans le cas du Tour de France, aucun ticket à acheter pour assister au passage du peloton, mais que voit le spectateur ? Pendant quelques secondes, les coureurs, appartenant tous à des équipes portant le nom de grandes entreprises capitalistes et dont les revenus, en tous cas pour les meilleurs, frisent tout autant l’indécence que ceux des footballeurs. Mais surtout, pendant de longues minutes, la fameuse caravane publicitaire et ses obscènes distributions de produits griffés.

En clair, le Tour de France est passé en Corse. S’il a, un peu, servi de tribune au mouvement national, il a aussi, beaucoup, servi de lancement de campagne électorale à certains maires. Il a surtout permis d’ajouter une ligne au bilan de l’exécutif territorial, à qui il est reproché de beaucoup parler et de faire peu, mais sans savoir si cette ligne est positive ou négative puisque aucun débat n’a été possible.

Finalement, la population insulaire, même gonflée de touristes, n’a répondu que modérément à l’appel. Le Tour de France en Corse ? Un non-événement, en somme…

U CUMUNU

(…)

by @Lazezu 

#Corse Retombées économiques ? Oui, sauf pour les Corses #TourDeFrance #CorsicaIsNotFrance

#corse « RadioActu.com comme les Corses se demandent pourquoi Alta Frequenza n’a pas couvert le Tour »

Revue de Presse et suite de l’article  : 

sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse,
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)

Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]

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