#Corse @F_Alfonsi « EUROPE. LES NUAGES S’AMONCELLENT… »

Difficile de trouver motif à se réjouir dans l’actualité européenne. Du Brexit au referendum hongrois sur l’immigration, d’une Pologne en pleine régression quant aux droits des femmes à une Italie tournant le dos à ses régions comme l’a fait la France avec la réforme de Manuel Valls, en passant par l’extrême droite anti-européenne plus menaçante que jamais, y compris en Allemagne, tous les voyants sont au rouge.

Sans compter la montée du chômage, toujours d’actualité, et qui pourrait s’aggraver car l’économie européenne devra faire face ces prochains mois à la remontée des cours de l’énergie et à celle des taux d’intérêt. Affaiblissement économique, affaiblissement idéologique et affaiblissement politique : les nuages s’amoncellent.

Certes, ça pourrait être pire. Le référendum hongrois a largement échoué à mobiliser 50% du corps électoral, ce qui lui enlève toute portée légale. Mais la préoccupation est grande de voir une décision européenne, prise dans le cadre des traités par des procédures ratifiées par tous les Etats-membres, remise en cause. S’il devait en être régulièrement ainsi, la paralysie deviendrait totale rapidement. C’est la crédibilité même de l’Union Européenne qui se joue dans de tels scrutins.

La question des migrants est le grand sujet des démagogues, et le Président hongrois Viktor Orban est un des plus virulents. C’est avec l’aliment empoisonné du racisme que l’extrême droite prospère en France et en Europe, et que le Brexit a réussi à gagner au Royaume Uni. En fait une victoire à la Pyrrhus, car elle n’a fait en rien cesser la pression migratoire qui continue de s’exercer à Londres comme ailleurs.

Face aux 6 à 8 millions de migrants que la guerre a déplacés de Syrie et d’Irak, qui ont afflué en Jordanie, au Liban, en Turquie, au Kurdistan, et qui, pour un million d’entre eux, ont gagné l’Europe, bien malin qui pourra trouver mieux que la proposition européenne de répartition entre les 28 Etats pour en atténuer l’impact et faciliter leur prise en charge par les collectivités locales pour leur logement, leur alphabétisation, l’éducation de leurs enfants, etc… Aucune considération politique ou économique ne peut être acceptable qui méconnaisse la nécessité de faire preuve d’humanité. C’est la base même de la civilisation dans laquelle nous nous inscrivons. En ce sens le référendum hongrois, face à un quota de réfugiés au demeurant bien modeste au regard de la population du pays, est inacceptable dans son principe. La faible participation est heureuse, mais qu’il ait pu être proposé par un gouvernement en activité est très préoccupant.

Autre front difficile pour les Européens, la crise économique n’en finit pas de connaître de nouveaux soubresauts. Hier c’était la Grèce, aujourd’hui c’est l’Allemagne ! La banque Deutsche Bank, le géant bancaire allemand, doit encore solder ses engagements dans les subprimes de 2008 aux Etats Unis et ses équilibres structurels en sont menacés. D’autre part les taux d’intérêt vont bientôt repartir à la hausse : comment les économies fragilisées par leurs dettes publiques –Grèce, Italie, Espagne, etc…, y compris la France- encaisseront-elles cette nouvelle donne qui sera éventuellement aggravée par une augmentation des cours du pétrole ?

Et c’est à cet instant crucial que l’Europe se trouve déstabilisée par le scandale d’anciens dirigeants comme José Manuel Barroso et d’autres commissaires européens, ouvertement débauchés par des lobbys qui ont pris une responsabilité directe dans la crise, comme la banque américaine Goldman-Sachs, directement impliquée dans les déboires de la Grèce, qui vient d’engager l’ancien Président de la Commission Européenne avec une rémunération plantureuse.

Entre un nord-fourmi, solidaire du sud via les fonds européens et le mécanisme de solidarité qui assure la stabilité de l’euro, et un sud-cigale gravement atteint par le chômage, la tentation d’un divorce traverse toute l’Europe, et il explique en partie la décision britannique. Comment faire en sorte d’éviter la contagion ?
Les défis qui attendent l’Union Européenne sont considérables. Les démocraties européennes sauront-elles dégager des dirigeants aptes à les affronter ? C’est une inquiétude sérieuse pour les temps qui viennent.

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