#Corse #Territoriale2015 « Au delà des cinq premiers annoncés… » @SAULIUlivieru

« Nous combattons sur le terrain de nos adversaires à armes nécessairement inégales. »
L’alienation corse. Iviu Bourdiec.

« Corsica Libera » a donc officialisé à l’occasion des « Ghjurnati Intarnaziunali di Corti » sa démarche pour les élections territoriales de décembre 2015. Une présence affirmée sous sa propre bannière dès le premier tour avec les cinq premiers noms de sa liste dévoilés. Une présence et une annonce qui dessinent une stratégie particulièrement axée sur la Collectivité Territoriale. Le discours – unique – tenu par Ghjuvan Guidu Talamoni à l’occasion du traditionnel rassemblement estival l’atteste clairement.

Cinq premiers noms …

Avant tout, un premier constat. L’officialisation de ces cinq premiers noms marque une orientation régionale qui peut interpeller sinon agacer les tenants d’une représentation régionale équilibrée concomitamment avec le travail militant et les résultats – particulièrement électoraux – obtenus. Pour ma part, je regrette l’absence d’une personne comme Micheli Giraschi, représentatif d’une démarche qui a démontré – malgré bien des embûches – autant son enracinement que son accroissement sans reniement aucun, ni déviation des fondamentaux de notre combat qui guident nos pas depuis plusieurs dizaines d’années. Plus généralement l’absence de femme ou d’homme aux caractéristiques précédemment explicitées relève selon moi d’une carence d’appréciation. Ceci écrit, il est tout aussi juste d’opposer que ce choix a été structurellement et majoritairement admis, au détriment de toutes ces critiques de couloir et de comptoir qui peinent décidément à s’exprimer normalement…

… et liste du premier tour.

Beaucoup plus importante est la détermination affichée. En affirmant sa présence dès le premier tour des élections territoriales, « Corsica Libera » balaye ce souci d’union – sempiternel serpent de mer du mouvement national – exprimé ici ou là par des organisations et des personnalités. On peut comprendre cette recherche d’union, mais nombre d’expériences précédentes ont démontré bien des limites, et récupération, enlisement et étouffement semblent les maîtres mots des rapports entre formations concernées. Avec cette constante prédilection qui vise à saper sinon briser les bases de la Lutte de Libération Nationale…

Moi même j’ai, pendant longtemps cherché, préconisé, défendu et appliqué ce souci d’union. Récemment encore je l’ai fait pour la commune dont je suis électeur. Mais ce préjugé de notre imaginaire collectif se heurte à bien des vicissitudes qui empêchent le Mouvement National – malgré la réalité de ses potentialités – à s’affirmer comme la principale force de ce pays. J’en suis revenu car conscient que l’union n’est qu’un prétexte pour quelques uns dans la communication affichée. Une façade ravalée au gré des circonstances et des contextes. Mais où tout est vide et faux… J’ai également plaidé et travaillé avec beaucoup d’autres – je ne le regrette pas – pour une unité stratégique des forces indépendantistes. Là aussi – malgré les accords « historiques » du Fium’Orbu en 1999 qui consacrent outre une réconciliation, une recomposition stratégique de l’ensemble des formations patriotiques, cette unité stratégique se heurtera à des logiques et des comportements aux origines douteuses. Avec toujours pour résultat celui d’affaiblir le concept et l’organisation de la Lutte de Libération Nationale…

territorialesregionale2015corse

Il y a peu, un communiqué de « a Manca », au sujet des élections territoriales, a fait justement sien ce constat que « l’unité de la dite famille nationaliste n’a jamais existé au cours de ces quarante années écoulées »… Constat peut-être amer mais si réaliste…

L’initiative de « Corsica Libera » aura au moins le mérite de la clarté. Ce qui ne l’empêche pas de travailler aux nécessaires convergences afin de recueillir sur des revendications très importantes comme le statut de résident, la maîtrise du foncier, et la coofficialité de notre langue – pour ne citer que ces exemples là – le plus grand nombre de soutien, de partage et de sympathie, au delà des appartenances politiques des uns et des autres que ce soit dans les forces en présence du système, de droite comme de gauche, et chez les autonomo – nationalistes. L’objectif affiché étant – pour reprendre les termes du discours de Ghjuvan’Guidu Talamoni – de  » faire prévaloir les idées et le projet politique sur l’accès aux responsabilités électives. » Il y aura aussi un second tour, ce qui pourra éventuellement – ou pas – poser l’opportunité de  » a scelta patriotica ». Les résultats électoraux influençant plus que sa philosophie politique ce choix.

Il n’en demeure pas moins que dans la conjoncture politique actuelle, « Corsica Libera » se doit de tenir un pari. C’est à dire franchir allègrement la barre des 7 % et s’imposer comme une force incontournable tant à la Collectivité Territoriale que face à l’Etat français duquel il faut arracher, non un quelconque pseudo dialogue mais bel et bien des négociations politiques sur la reconnaissance et les droits du peuple corse.

Entre tournant et virage..

La conjoncture politique actuelle est surtout marquée par l’annonce de la « démilitarisation » du F.L.N.C. – U.C. Cette annonce – qui semble ne souffrir d’aucune contestation – suppose un redéploiement organisationnel et politique duquel « Corsica Libera » doit tirer profit. A Corti, Ghjuvan Guidu Talamoni n’a t-il pas affirmé que « Corsica Libera » « prenait acte des responsabilités qui seraient désormais les siennes, puisque le F.L.N.C. venait de lui passer explicitement le relais dans la poursuite de la Lutte de Libération Nationale. » ?

Toutefois un redéploiement de la Lutte de Libération Nationale ne saurait se résumer à l’occupation prioritaire d’un espace – en l’occurence ici l’espace institutionnel – quelle que soit sa pertinence mais s’étendre sur un ensemble d’espaces politiques, sociaux, culturels,économiques et internationaux identifiés. De ce point de vue, malgré l’importante et intéressante présence des formations de la jeunesse corse, particulièrement de la Ghjuventu Indipendentista, et de l’activité des associations de soutien aux prisonniers politiques, force est de constater que « Corsica Libera » a ces derniers temps, essentiellement capitalisé sur les travaux – considérables – de ses élus. L’exécutif du mouvement n’a pas encore su – ou pu ? – prendre à bras le corps toute l’importance de la tâche dévolue. Je n’ôte naturellement rien aux capacités individuelles de celles et ceux qui ont été nommés dans cet organe décisionnel, je constate simplement l’absence d’une certaine réflexion et présence politiques qui échoit à ce même exécutif.

Un certain nombre de terrains politiques, sociaux, culturels et économiques ont ainsi été délaissés. Hors la Lutte du peuple corse revêt naturellement un ensemble globalisé. D’autres formations, plus ou moins liées intrinsèquement au système en place profitent de ce délaissement, reprennent à leur actif, certaines situations – domaines de l’emploi, du logement, de l’accès à la propriété, de la formation, du développement économique, de l’immigration – pour détourner de la lutte émancipatrice du peuple corse nombre de personnes et de familles affectées par la précarisation, la pauvreté voire la misère. Quelques unes de ces formations instrumentalisent même le contexte de cette situation géo politique dans laquelle se trouve précisément la Corse, se parant pour l’occasion d’un national populisme pour le moins nauséabond…

Les tentatives sont légions pour tenter de contenir voir d’annihiler l’aspiration à une réelle citoyenneté corse. Et même si pour certains le temps de la « confrontation » est derrière nous – ce qui est loin d’être acquis – la nature même du système français en place, le colonialisme, devrait nous inciter à beaucoup plus de vigilance…

Dans la conjoncture actuelle, « Corsica Libera » a un triple pari à réussir : celui de franchir l’ecueil du système électoral en vigueur pour rentrer encore plus en force à l’assemblée de Corse, celui de capitaliser dans ses traductions politiques et organisationnelles le re déploiement engendrée par la demilitarisation annoncée du F.L.N.C- U.C. Celui enfin de rééquilibrer les forces en présence au sein du Mouvement National.

Nous sommes peut être à l’orée d’un tournant historique – à condition bien sur de savoir le négocier – mais ne perdons pas de vue aussi l’insatiable leçon de l’histoire qui nous enseigne que le colonialisme n’a pas vocation à s’auto -mutiler…

SauliL’histoire nous apprend également bien d’autres leçons sur ce sujet. On ne se se libère pas du colonialisme par un quelconque dialogue mais on arrache, par la volonté populaire, les négociations inhérentes à une réelle solution de la question nationale corse. On construit, par la volonté populaire, une société où l’émancipation sociale est une constante indissociable de l’affirmation nationale. On édifie par la volonté populaire un Etat Corse indépendant fruit d’une aspiration partagée par le plus grand nombre et non calqué sur – et par – une schématique française que nous prétendons aujourd’hui combattre (l’indépendance n’enlève pas l’hypothèque du colonialisme ).

Ne perdons pas de vue, à l’orée de ces nouvelles péripéties électorales que nous sont imposées par le système français en place, que l’Etat français n’a pas encore renoncé à ses funestes prérogatives sur la Corse et que la meilleure et la plus belle des armes – la voix du Peuple Corse historique – ne se taira jamais pour faire entendre cette maxime historique :

A Populu fattu, bisogna à marchjà !

Ulivieru SAULI

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