@Petru_Poggioli « Le mouvement des “gilets jaunes” ne prend pas ( pour l’heure) en #Corse ! Pourquoi ? » #GiletsJaunes

(Unità Naziunale Publié le 25 novembre 2018) Le mouvement des “gilets jaunes” ne prend pas ( pour l’heure) en Corse ! Pourquoi ?

Serions- nous tous des privilégiés, des nantis ou des enfants gâtés, ou avons-nous honte de passer pour des gens en difficultés sociales, dans une île où “le paraître” (u buffu) semble important ?

J’étais absent de l’île au début du mouvement.. mais sur mes posts et mes tweets, j’ai pris position en faveur de ce mouvement.. J’ai aussi expliqué pourquoi par le biais de plusieurs articles.

Ce samedi, j’étais présent devant la CdC de Corse en soutien. Nous étions venus à quatre, et il y avait au final une dizaine de personnes présentes.. A Bastia, quelques dizaines étaient présentes devant la Préfecture puis ont défilé dans les rues. A Porto-Vecchju, le soutien était tout aussi maigre.. Pourtant en Haute-Corse, le mouvement avait été un peu plus actif (“blocage” dans le calme du dépôt de la Marana)..

Force est donc de constater, que cela ne rallie pas les foules.. Et ce alors que sur Paris et dans l’Hexagone (sans parler de la situation critique sur l’île de la Réunion), le mouvement débuté le 17 Novembre occupe la une et les rues (Paris) malgré une certaine désinformation, malgré la montée en épingle de certains actes ou faits (très critiquables et à condamner) malgré la tentative “dérisoire” du gouvernement de pointer du doigt extrême-droite (en oubliant au passage la France Insoumise, Melenchon, et le Nouveau Parti Anticapitaliste, Besancenot, ou Jean Lassale et quelques députés depuis de tous horizons, qui soutiennent “une révolte populaire et non pas “populiste”)..malgré la manipulation des chiffres sur les mobilisations…

Alors les Corses soutiennent-ils ou désapprouvent-ils ce mouvement et ses revendications ?

Est-ce à dire qu’en Corse, il n’y a pas une question sociale, il n’y a pas de Corses dans la souffrance sociale, il n’y a pas de pauvreté, il n’y a que des nantis ou des égoïstes qui se fichent des difficultés rencontrées par de plus en plus de Corses dans leur vie quotidienne, que dans notre île bénie des dieux, il n’y a que des gens heureux de leur vie sociale et professionnelle, que des privilégiés, des gens contents de l‘avenir qui s’annonce serein pour leurs enfants sur leur terre de Corse, à l’abri du besoin et des problèmes sociaux et sociétaux, …..

Pas aussi simple.

Comme cela s’était déjà produit en 89 ! Et cette situation nous rappelle celle de l’époque lorsque la Corse était paralysée par le plus important conflit social qu’elle ait connu, -et l‘on ne peut que faire le parallèle.-, au vu des commentaires de nombre de Corses sur les réseaux sociaux et le soutien tardif des mouvements nationalistes..(Corsica Libera, Core in Fronte, Gilles Simeoni)..

Rappels de 1989 en Corse

En 89, lors du conflit social le plus long et suivi de Corse, l’île était paralysée, j’ai dû batailler longtemps dans les réunions pour que les nationalistes y participent.. Les arguments « contre », très basiques d’alors entendus dans les réunions nationalistes (les réseaux sociaux n’existaient pas encore) étaient entre-autres, « les fonctionnaires qui manifestent ce sont des Français, les chansons du genre, « la prime on la veut, la prime on l’aura, », ce sont des chants et et les mots d’ordre “Tous ensemble – Tutt’inseme” et/ou en farandole… étaient des mots d’ordre et des « attitudes gauloises ».. les fonctionnaires sont des privilégiés, les syndicats sont des syndicats français… et j’en passe….

Et 30 ans après , remake des arguments en boucle sur les réseaux sociaux. Sans parler des va-t-en-guerre par procuration qui se gaussent sur les modalités pacifiques de manifestants, arguant qu’il fallait d’autres types d’action plus véhémentes… à condition que ce soient d’autres qui les fassent, bien entendu.. Armons-nous et partez.. sans parler souvent même de la reprise de la désinformation de certains médias, voire même et du gouvernement pour discréditer les mobilisations..

La Corse aujourd’hui, même pas autonome

Mais il faudrait redescendre sur terre… car pour l’heure, nous n’avons même pas l’Autonomie, et lorsqu’une taxe ou nouvel impôt est votée à Paris, on paye nous aussi .. en plus du coût de la vie locale, des lobbies nustrale ou autres qui se foutent des difficultés financières de la majorité des Corses.. Alors moi je soutiens.. après chacun fait ce qu’il veut ou peut…

La colère des oubliés

On ne sait pas si ce mouvement “des colères” qui est l’émanation et est soutenu par les habitants des zones périphériques (la Corse est à elle seule une zone périphérique bien délimitée) et du monde rural, loin des grandes concentrations urbaines sur lesquelles ne semblent se pencher à longueur de temps les gouvernants successifs et les corps intermédiaires (partis, syndicats, corps constitués ).. Ce monde “délaissé, occulté, oublié”où les gens souffrent, où les classes basses-moyennes, rejoignent de facto, peu à peu, contraintes et forcées, au fil des années les classes pauvres, car trop loin des classes privilégiées ou trop près des classes pauvres du point de leurs revenus pour qu’on s’intéresse à elles et qu’on les aide,et ce alors que la multiplication des taxes et impôts les assomment chaque jour un peu plus et les poussent vers la pauvreté et la précarité, surtout s’ils ont des enfants…

Et en France (accélération avec Macron dont la politique privilégie les nantis au détriment de la grande majorité) et en Europe, les politiques suivies en matière austérité de ces dernières années, dont seilles profitent la finance internationale, et les nantis, n’ont fait qu’accélérer ces situations dramatiques vécues par la majorité des femmes et des hommes aujourd’hui dans ces zones et ces territoires… dont la Corse.. (Le pus fort taux de pauvreté par rapport à l’Hexagone français).

Mai 68 : Paris Novembre 2018

En Mai 1968, la révolte estudiantine avait servi d’exemple à nombre d’étudiants en Europe..

A l’époque, nous étions dans l’ère des “30 Glorieuses”, et la situation économique n’était pas le principal ressort..

Aujourd’hui la situation économique et sociale est au centre de ces mobilisations débutées le 17 novembre.. Cette révolte durera-t-elle, aura-t-elle des répercussions en Europe.. Seul l’avenir le dira .. mais la fracture avec le gouvernement et les élites financières et/ou autres est patente en France et en Europe.

Et en Corse ?

Attention à ce que cette fracture ne se répercute pas au détriment des mouvements nationalistes, au centre du jeu politique dans l’île, et de leurs dirigeants (surtout élus)..

En 89, nous étions dans l’opposition et occupions tous les terrains de luttes “contre le système colonial et ses représentants étatiques et locaux”.. Nous avions finalement réoccupé le terrain social avec le STC et opéré la jonction avec les autres forces sur le terrain, nolens volens.. même si les négociations de l’époque avec Paris allaient conduire à nombre de divisions douloureuses et mortifères par la suite..

Aujourd’hui, attention à ne pas conduire à l‘amalgame facile consistant à inclure les nationalistes aux responsabilités avec le système en place, – le STC devrait sortir un peu de sa campagne électorale pour s’intéresser d’avantage au combat actuel, de même que les autonomistes devraient quitter un peu le champ somme toute “dérisoire” des contradictions inhérentes à la création de Femu a Corsica, et la question sociale, qui se pose pour la majorité des Corses, “au-delà de la pauvreté”, ne peut se résumer seulement, et encore moins solutionner, même si les initiatives sont intéressantes, à la mise en place d’une ou plusieurs commissions de réflexion – ..

Ne pas se couper de la majorité des Corses “en difficultés sociales”

Alors aujourd’hui et pour l’avenir, si les nationalistes aux responsabilités et es mouvements nationalistes et syndicats dans leur ensemble, s’ils ne veulent pas se couper de la rue et du peuple.. Ils doivent y prendre part, en tant que Corses et nationalistes en s’y impliquant, en donnant des mots d’ordre, en montrant dans leur Projet et leurs propositions et actions, à court et moyen terme au moins, que ce projet concerne la majorité du peuple et non pas qu’une caste de privilégiés ou de nantis, anciens ou nouveaux, complètement coupés des réalités et des souffrances et des inquiétudes du peuple corse aujourd’hui dans sa majorité…

La question économique et sociale sont intrinsèquement liées; et la question sociale ne doit pas être un simple slogan…

PETRU POGGIOLI

 

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