#Corse – Revendication du FLNC : »Un silence éloquent »

La revendication par le FLNC de l’assassinat de Christian Leoni survient dans un contexte corse particulièrement sanglant. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne va guère permettre de clarifier une situation où désormais les assassinats ont largement débordé le cadre des clandestinités diverses et variées pour s’attaquer à la société civile.

Juge et bourreau

Le silence fracassant de nos élus et celui de nos intellectuels face aux règlements de compte entre bandes violentes est éloquent. Nos élites manuent de courage. C’est aussi simple que cela. Le FLNC qui s’est donc érigé tout à la fois en policier, juge, jury et bourreau. C’est ce qui ressort de sa revendication concernant l’assassinat de Christian Leoni désigné par l’organisation clandestine comme auteur de l’assassinat du militant frontiste Charles-Philippe Paoli le 28 juin dernier à Folelli. Cette manière de procéder qui rappelle les vindette (la justice t’absout moi je te condamne) est évidemment tout à fait insupportable. Une bande armée s’empare une fois encore de la société corse, et prétendant agir en son nom (ce qui n’est pas le cas des voyous) donne la mort en son nom. Le FLNC avait déjà agiç ainsi le 13 septembre 1983 en assassinant deux malheureux Tunisiens accusés pour le coup de trafic de drogue. On sait maintenant que l’organisation clandestine (ou plutôt un de ses segments) cherchait à capter les bulletins de la frange la plus xénophobe de l’électorat ajaccien. Le 15 juin 1993, le FLNC abattait Robert Sozzi, un de ses anciens militants s’estimant en situation de « légitime défense préventive », concept absurde et scandaleux. Ce sera le début de la guerre entre factions nationalistes. À ce jour, l’organisation clandestine n’a jamais « regretté » cet acte barbare. Le 28 novembre 1994, Franck Muzzi, responsable du comité Sozzi, tombait sous les balles d’assassins dont on présume qu’ils étaient militants du FLNC Canal Historique. L’avenir nous dira si Christian Leoni était seul ou entouré.

Une affaire de marginalités

Robert Antech soulignait dans Corse Matin combien cette revendication révèle un conflit de marginalités, celle de la voyoucratie et celle de la clandestinité, qui ont longtemps fait bon ménage. Elles s’opposent désormais sur des terrains bien spécifiques, crise économique oblige. La réputation d’affairisme a toujours entaché la réputation des différentes organisations clandestines corses. L’assassinat de Christian Leoni risque fort de renforcer cette image floutée. Le FLNC, aujourd’hui très affaibli, cherche à remettre les pendules à l’heure et à s’extraire du magma formé, dans l’esprit de l’immense majorité des Corses, par tout ce qui touche à la violence. Les règlements de compte ajacciens avaient déjà participé à une vaste confusion. En assassinant Christian Leoni et en accompagnant le message des revendications d’attentats déjà oubliés, le FLNC tient à rappeler ses fondamentaux : lutte contre la spéculation et lutte pour une société corse plus juste. Le problème est que les attentats revendiqués sont tragiquement insignifiants quant à leur réelle portée économique .

Une violence insupportable

Vouloir construire une Corse plus juste c’est d’abord affirmer un principe de société : nul n’a le droit de se faire justice lui-même sauf à considérer que la Corse est un champ de bataille permanent où la bande la plus forte impose sa loi au détriment de la communauté tout entière. Par ailleurs, la présence d’une justice d’exception en l’occurrence la JIRS (qui montre ici son impressionnante inefficacité) donne surtout le sentiment que la marge de manœuvre démocratique offerte au citoyen est bien faible. Coincés entre ces diverses violences qui, sans être comparables, peuvent se montrer aussi traumatisantes les unes que les autres, les Corses, tétanisés, en ont plus qu’assez alors que seule une prise en charge citoyenne du problème pourrait isoler les partisans d’une violence d’un autre âge. Enfin, mais c’est là un leitmotiv faut-il rappeler que le grand moteur d’une certaine délinquance reste une injustice sociale tellement criante qu’elle finit par abolir les frontières entre le bien et le mal.

GXC

PS : depuis le moment où cet article a été envoyé au Journal de la Corse Dominique Bucchini s’est exprimé contre la « justice » des clandestins. Nicolas Alfonsi a, quant à lui, réitéré les propos qu’il tient depuis le siècle dernier réclamant toujours plus de répression. Se rendra-t-il un jour compte que le temps a passé et que les mots comme les êtres finissent par devenir obsolètes ?

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