#corse – « Y a-t-il une vie après la rente ? »

« C’est à dessein que j’emprunte ce titre à l’intitulé de l’excellent ouvrage de Nadine LEVRATTO paru aux éditions ALBIANA en 2001, qui décrivait la réalité économique de l’île. Je vous engage d’ailleurs à le lire.Comme chacun sait le PIB mesure la création de richesse d’une région, d’un pays, d’une zone économique (l’UE par exemple).

Cette création de richesse est en lien avec l’emploi, l’investissement et la consommation, avec ce qui fait notre quotidien. Il est donc très important à mon sens qu’un candidat à la conduite des affaires communales de la troisième ville de Corse dispose d’une vision globale de l’économie dans laquelle évoluent ses administrés.

Pour apprécier au plus près cette création de richesse, on la divise en cinq grands secteurs : l’agriculture, l’industrie, la construction, les services marchands et les services non marchands.

Plusieurs points sont remarquables dans les chiffres 2011 de l’Insee. Ils guident ma réflexion et je tiens à vous en faire part.

Voici donc les données fournies par l’Insee :

Y a-t-il une vie après la rente ?

 

Ce tableau révèle les caractéristiques de la Corse.Première caractéristique : la faiblesse de l’agriculture

Sur les 8 000 millions d’€ de PIB, 1,4 % proviennent de l’agriculture, alors que pour la France de province ce pourcentage est presque double : 2,6 %.

Je tiens à préciser que j’ai effectué la comparaison avec la France de province, car la part de l’agriculture dans le PIB de l’Ile de France est quasi nulle (0,1%).

Je dois avouer que j’avais une perception plus optimiste de la réalité.

Deuxième caractéristique : le peu de développement de l’industrie

Sur les 8 000 millions d’€ de PIB, 5,5 % proviennent de l’industrie. Le chiffre est élevé, mais il s’explique par l’inclusion de la production des industries agro-alimentaires dans ce secteur.

Diminué de cet apport, il révèle le désert industriel Corse, puisque la part de l’industrie est 3 fois inférieure à celle de la France de Province (15 %).

Troisième caractéristique : des services marchands dans la moyenne

Ce secteur concerne les transports, le commerce, les services aux entreprises, les services aux particuliers et les activités immobilières et financières. Sur les 8 000 millions d’€ de PIB, 51% proviennent de ce secteur, ce qui est proche de la France de province.

La part du commerce et du tourisme dans la création de richesse est donc dans la moyenne, contrairement à une idée répandue dans le grand public.

C’est conforme à ce que soulignent les commentateurs économiques : le France est un pays à forte attractivité touristique. Elle serait même un pays musée pour les plus acerbes.

Quatrième caractéristique : l’importance de la construction

Sur les 8 000 millions d’€ de PIB, 10% proviennent de ce secteur soit quatre points de plus que pour la France.

Cette importante création est alimentée par les activités touristiques et par les résidences secondaires, ce qui donne du travail à près de 5 000 entreprises dont 95 % sont des TPE, individuelles (60%) ou qui ont moins de 10 salariés (35%).

Nous avons donc là un secteur important mais atomisé, ce qui le rend très vulnérable aux variations du marché.

Cinquième caractéristique : la place des services non marchands 

Ce secteur prend en compte la création de richesse induite par l’éducation, la santé, l’action sociale, l’administration, les collectivités locales et leurs établissements publics.

Sur les 8 000 millions d’€ de PIB, près de 32% proviennent de ce secteur, soit 7 points de plus que la province et 10 points de plus que la moyenne nationale. Ce pourcentage traduit la forte présence du secteur public et parapublic dans l’île.

Ces chiffres révèlent les tendances lourdes de l’économie de la Corse.

L’île vit sur trois grands piliers que sont la construction, les services marchands et les services non marchands. Ils représentent à eux trois 93 % de la richesse qui y est créée.

C’est sur ces trois grands piliers que reposent l’emploi, l’investissement, la consommation et c’est avec le concours de ces trois piliers que seront dégagées les ressources humaines, matérielles et financières qui permettront de préparer la Corse de demain.

Mais ces trois grands piliers reposent sur trois rentes :
→une rente foncière pour le BTP,
→une rente environnementale pour le tourisme,
→une rente publique pour le secteur non marchand.

Or l’histoire a montré que les économies qui fondent leur développement sur la rente ont toutes décliné, car ce type d’économie délaisse l’investissement à long terme, celui qui prépare l’avenir de nos enfants. L’Espagne, le Portugal et la Grèce (toutes proportions gardées avec PORTIVECHJU) combinaient ces trois types de rente. On sait ce qu’il est advenu.

Cependant ces trois rentes sont différentes.

Nous avons la possibilité de cultiver les deux premières.

Alors donnons au BTP les moyens de sa pérennité avec l’éco-construction, l’intégration dans le paysage et l’urbanisme maîtrisé.

Alors donnons au tourisme les moyens de sa pérennité en préservant l’environnement et les ressources naturelles.

Nous n’avons pas de prise sur la rente publique, mais en sommes dépendants.

Que se passerait-il si le mouvement des baisses de dotations d’Etat s’amplifiait, si les collectivités locales qui assurent 70% de l’investissement public, diminuaient leurs interventions de manière importante ?

Que se passerait-il si la consommation des salariés du secteur non marchand diminuait ?

Ce sera tout bonnement difficile, très difficile, pour toutes et tous : activité économique, salariés et entreprises.

Il nous faut donc réfléchir au futur et c’est ce que je fais avec mes amis. 

J’y reviendrai dans les prochaines tribunes, mais je crois qu’il est essentiel de ne pas persister dans l’erreur comme le fait la municipalité actuelle :
-en n’agissant pas sur les deux premiers piliers grâce auxquels nous pourrons dégager des ressources pour investir ;
-en n’engageant même pas la réflexion sur des activités différentes pour ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier,
-et en gérant de manière inquiétante la commune.

Ce sont ces raisons qui expliquent l’intitulé, Y A-T-IL UNE VIE APRES LA RENTE, car je crois l’exécutif actuel incapable d’imaginer une situation différente de celle qui existe aujourd’hui et donc de modifier le développement futur de PORTIVECHJU.

Les sociologues appellent cela « le piège du tropisme ».

(…)

by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

 

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