(Corsicainfurmazione.org, Unità Naziunale, Publié le 4 décembre 2025 à 15h55) Ce discours de Marie-Antoinette Maupertuis, Presidente di l’Assemblea di a Giuventù, alerte sur l’affaiblissement de la démocratie minée par la défiance, l’abstention et l’influence des réseaux sociaux.
Il revient sur dix ans de gouvernance nationaliste marqués par des crises et un déni de l’autonomie corse par l’État. La jeunesse est appelée à transformer l’engagement politique en action. L’oratrice souligne l’urgence de garantir la place des femmes en politique, encore largement insuffisante. Elle conclut en affirmant que l’avenir démocratique de la Corse repose entre les mains des jeunes générations.
Tuninu
Le discours avec prière d’insérer : Discorsu di Marie-Antoinette Maupertuis, Presidente di l’Assemblea di a Giuventù, Sessione di u 3 di dicembre di u 2025.
O Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di a Giuventù,
Care tutte, cari tutti,
L’annata 2025 si compie. Ci simu inseme dumandati in Cunferenza di i Presidenti chi sugettu puderiamu sceglie per u nostru dibattitu d’oghje. Certi vuglianu cuntrastà si annant’à i 10 anni di mandatura nazionalista. D’altri annant’à u rolu di a democrazia lucale di pettu à e sfide di a demucrazia glubale…
Per compie simu cascati d’accussentu annant’à a piazza di e donne à e prussime municipale.
Je veux commencer par vous remercier, pour les échanges que nous avons eus en Conférence des Présidents. Ce que vous avez proposé n’était ni naïf, ni théorique. C’était politique, au sens le plus noble du terme : ancré dans la réalité, exigeant, parfois un peu dérangeant, donc indispensable ! Vous avez été force de propositions, et tant mieux ! Tout ne pourra pas être traité aujourd’hui, mais je veux vous assurer que rien ne sera perdu. Et même si 2025 s’achève, vos propositions nourriront directement notre travail commun en 2026. Elles appelleront des débats, des travaux, des rapports. Mais surtout, elles vous appellent, vous, à transformer l’exigence politique en actes.
La démocratie n’est pas en bonne santé. Et vous le savez. Si vous avez voulu placer la démocratie au cœur de vos interrogations, ce n’est pas un hasard. C’est le signe que vous sentez, comme nous, qu’elle est aujourd’hui fragilisée partout : attaquée par des mesures autoritaristes, vidée par l’abstention, abîmée par la défiance, parfois confisquée par des centres de décision toujours plus éloignés, truquée par les réseaux sociaux.
Récemment, à Barcelone, nous avons constaté dans le cadre d’une conférence du Conseil de l’Europe sur la démocratie européenne qu’on ne pouvait plus gouverner comme avant, dans un monde où la politique est influencée, contrôlée par les réseaux sociaux.
Le pouvoir est certes partagé entre les communes, les régions, l’État, l’Europe. Mais le citoyen a souvent le sentiment que plus rien ne dépend vraiment de lui. Je vous sais suffisamment politiquement engagés, je sais que la plupart d’entre vous ne veulent pas seulement voter. Vous voulez comprendre, participer, construire. Et vous avez raison ! Une démocratie qui ne se vit plus au quotidien devient un décor. Une démocratie sans débat devient une façade. Une démocratie sans jeunesse devient une routine qui s’épuise et qui compromet son avenir.
Certains étaient partisans d’un débat plus politicien, le bilan des dix années des nationalistes aux responsabilités. Oui, dix années sont passées depuis décembre 2015. Elles n’ont pas été un long fleuve tranquille. Elles ont été traversées par une crise sanitaire mondiale, des blocages institutionnels constants, des contentieux lourds dans les domaines aérienne et maritime, une hostilité judiciaire permanente, notamment vis-à-vis de la langue corse et trop souvent encore, une fin de non-recevoir de l’État face aux choix démocratiques des Corses en particulier sur la question de l’autonomie.
L’autonomie n’est pas un caprice, et n’est pas née de l’émotion, elle est au cœur de notre aspiration démocratique depuis plus de 50 ans. Mais c’est la colère de la jeunesse après l’assassinat d’Yvan Colonna et c’est la pression démocratique.
L’Assemblée de Corse a depuis voté un projet concret en juillet 2023. Elle a aussi tracé en mars 2024 un chemin constitutionnel vers l’autonomie. Elle a posé, noir sur blanc, les principes : autonomie législative, autonomie fiscale, co-officialité de facto de notre langue, protection de notre terre, justice sociale…
Pendant sept ans, cette aspiration à l’autonomie a été ignorée. Sept ans de déni démocratique. Sept ans durant lesquels une génération a compris que voter ne suffisait pas pour être entendu. Alors oui, le bilan appelle un débat franc sur ce qui a tenu, sur ce qui a échoué, sur ce qui n’a pas été possible, sur ce qui a été empêché ! Ce débat est nécessaire pour refonder un cap collectif soutenable, pour une Corse forte, apaisée, et debout.
Oui ce débat est nécessaire car vous n’êtes pas les héritiers d’un récit figé. Vous êtes les acteurs de la suite de l’histoire. Une histoire qui — et je veux y croire en vous voyant ici, dans cet hémicycle — ne retombera jamais dans ses travers les plus bas et les plus sombres. Une histoire qui continuera de s’écrire dans le droit fil de nos combats et de nos idéaux, et où la division, le rejet et la haine ne trouveront jamais leur place.
Enfin, vous avez aussi voulu poser un sujet que certains continuent d’éviter : la place réelle des femmes en politique, 25 ans après la loi sur la parité. Oui, les règles ont changé. Oui, les portes se sont entrouvertes. Mais restons lucides : dans les grandes communes, aucune tête de liste féminine n’est aujourd’hui annoncée pour les prochaines municipales ! Une seule probablement le sera ! C’est un fait politique. Pour moi, un échec démocratique.
Et cela justifie pleinement le débat que nous aurons dans quelques instants. Car une démocratie qui fonctionne sans les femmes est une démocratie qui fonctionne à moitié. Vous avez raison : cela doit faire débat ! Et Paoli nous a laissé ce bien précieux qu’est l’exercice démocratique qu’il faut chérir et faire fructifier.
Pour conclure : certes votre génération n’est pas encline à la complaisance. Vous venez questionner le pouvoir. C’est exactement votre rôle et c’est le jeu démocratique ! La démocratie n’est pas un héritage figé. C’est un combat permanent. Un combat parfois épuisant. Mais un combat vital.
A nostra storia ùn hè micca compia. Hè una strada longa, fatta di lotte, di dolori, di speranze è di dignità. A battaglia di a Demucrazia hè a più dura ! Oghje, sta storia, site voi chì a purtate ! In’tantu ch’ella camperà, a demucrazia, in u core di a so ghjuventù, a Corsica sterà arritta.
è cusì sia !

