(Corsicainfurmazione.org, publié le 29 juillet 2025) Nous tenons à réagir aux propos inquiétants qui auraient été tenus par le député François-Xavier Ceccoli relatés dans l’édition du Corse-Matin du 28 juillet 2025.
Ces propos sont non seulement inacceptables tant sur le fond que sur la forme, mais aussi révélateurs d’une vision caricaturale et dangereusement centralisatrice de la République. Par ses déclarations fallacieuses, le député de la deuxième circonscription du Cismonte choisit délibérément d’ignorer les fondements légitimes et démocratiques de la revendication d’autonomie telle qu’exprimée depuis plus de 50 ans par le peuple corse. L’autonomie n’est ni une menace, ni une violence, c’est un droit démocratique : Laisser penser que Gilles Simeoni « joue les pyromanes [et] encourage à la violence […] » (sic) est une offense grave non seulement à l’intelligence collective du peuple corse, mais aussi à la vérité historique. Réduire la demande d’autonomie, les votes répétés en Corse et leur nécessaire débouché, à une tentative de pression ou d’intimidation, c’est méconnaître la réalité politique de notre île et c’est verser dans la caricature et l’outrance. Faut-il rappeler que la demande de pouvoir législatif a été validée par près de 80% de l’Assemblée de Corse, au-delà des seuls groupes nationalistes y compris par des élus de droite. M. Ceccoli, de manière grossière, prête au président du Conseil exécutif le fait d’instaurer un régime qui s’apparenterait à une « dictature » (sic). S’il ne s’agissait pas de l’avenir du peuple corse, cela prêterait à sourire. Rappeler que l’expression démocratique en Corse doit nécessairement trouver une issue politique à la hauteur des enjeux, ne fait pas de nous des soutiens d’un régime dictatorial. Le député de la deuxième circonscription du Cismonte évoque également le fait que le projet conduirait la Corse à faire la loi sans contrôle du parlement et pourrait conduire à subir des pressions pour les élus au vu de la criminalité qui sévit sur l’île et en outre à voter des lois potentiellement scélérates. Nous ne nions aucunement les pressions mafieuses qui s’exercent en Corse.
Sans attendre d’ailleurs le député Ceccoli, notre institution a été la seule à l’échelle française à se saisir de la question. Cependant, la Corse, aujourd’hui, ne bénéficie d’aucune autonomie et pourtant, cela n’a pas empêché divers bandes criminelles et mafieuses de prospérer en dépit des compétences régaliennes de l’État.
Aucune corrélation n’a été établi entre pouvoir d’édicter les normes et prospérité de la criminalité. Dès lors, que faudrait-il dire du parlement européen, l’échelon supranational, plusieurs fois éclaboussé par des affaires de corruption ? Que dire des compétences qu’exercent librement les maires et intercommunalités ? Devrait-on les leur retirer en suivant l’argument du député ?
De même, sur la nature des lois : doit-on réellement penser que les lois votées par le parlement français jusqu’à présent et depuis 50 ans n’ont jamais été scélérates à l’égard du peuple corse ?
Dire également que les contrôles que nous préconisons à travers le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel « n’ont rien de cohérent » (sic) est absurde. Ce sont les mêmes contrôles que ceux appliqués pour le Parlement. De plus, la loi organique sera faite et contrôlée par ce même parlement.
Un projet démocratique et européen
L’accord avec le Gouvernement ne porte ni sur l’indépendance, ni une rupture unilatérale avec l’État. Il s’agit d’un accord politique qui se traduit par une évolution du cadre constitutionnel afin de nous permette d’exercer nos responsabilités collectives de manière plus efficace, plus juste, plus proche des Corses. Ce type de démarche est courant dans d’autres démocraties européennes et c’est la norme dans la plupart des contextes insulaires européens, sans que cela ne suscite ni peur, ni caricature.
Loin des postures, nous devons prendre collectivement de la hauteur, celle que ‘Histoire des peuples impose. La voie qui s’ouvre devant nous est une formidable chance politique qui doit traduire un conflit politique en un chemin de respect, de dignité et de pluralisme. L’autonomie est une opportunité pour l’avenir. Nous comptons partager ce message et cette aspiration démocratique avec l’ensemble du Parlement auprès des députés et sénateurs loin des propos calomnieux de certains. Nous réitérons notre confiance dans la capacité du Parlement à se hisser à la hauteur des enjeux.
L’eletti di u gruppu Fà Populu Inseme è u Partitu Femu a Corsica