(Corsicainfurmazione.org, publié le 14 mai 2025) Présent en Corse depuis 1975, l’Insee a publié hier une étude sur les évolutions démographiques, économiques, sociales et sociétales de notre Pays depuis 50 ans.
Deux chiffres marquent particulièrement : entre 1975 et 2022, la population de la Corse est passée de 226 000 à 351 270 habitants, soit une hausse de plus de 55 %. Avec un solde naturel négatif (plus de décès que de naissances), cette croissance démographique exponentielle est portée exclusivement par le solde migratoire. Entre 201 6 et 2022, plus de 3 500 personnes sont venues s’installer en Corse chaque année, faisant de notre Pays le territoire qui connaît la plus forte croissance démographique à l’échelle de la France, juste derrière la Guyane. Parmi elles, la part formée par des Corses du continent n’est pas connue, en l’absence d’une « Agence du Retour », mais elle ne peut masquer la réalité du problème posé par la majorité des néo-arrivants. La quasi-totalité des néo-arrivants provient de la Région Sud PACA, d’Occitanie et dans une moindre mesure d’île-de-France, la majorité d’entre eux sont des actifs.
Pour Femu a Corsica, cette croissance démographique hors norme, sur laquelle les institutions de la Corse n’ont pas de prise, constitue un problème politique majeur. Par son ampleur et son intensité, ce phénomène bouleverse les équilibres économiques, sociaux, sociétaux et culturels sur une terre déjà confrontée à un certain nombre de fractures, de contraintes et à un retard historique en matière d’infrastructures. Il entraîne des mutations profondes qui mettent à mal la cohésion de notre société, pèsent sur les finances publiques et sont contraires à notre vision de l’aménagement et du développement de la Corse. Pire encore, cet afflux massif de populations extérieures à la Corse menace non seulement de rendre minoritaires les Corses sur leur terre, mais également la pérennité de notre peuple en tant que communauté historique, linguistique et culturelle vivante ayant développé, au fil des siècles, un lien singulier à sa terre. En tant que patriotes, en tant que nationalistes corses et simplement en tant que Corses, nous ne pouvons nous y résoudre. Comme nos prédécesseurs dans les années 1970, nous refusons de devenir « les Indiens dans la réserve ». Nous n’accepterons jamais que la Corse devienne un « no man’s land culturel », dénué de toute âme, de toute culture, de tout projet de développement et d’émancipation au profit du peuple corse. La Corse n’est ni un terrain vague, ni une banlieue, ni une île de villégiature pour spéculateurs fortunés.
Elle est une terre, notre terre, sur laquelle vit, travaille et évolue, depuis des millénaires, un peuple avec son histoire, sa langue, sa culture, son identité, son rapport au monde. Un peuple vivant, et debout, malgré les vicissitudes de l’Histoire : le peuple corse, composé de Corses d’origine et de Corses d’adoption. Ce peuple aspire à la vie, à la maîtrise de son destin et à l’émancipation. Dans le cadre de ses instances, conformément aux orientations fixées par son Cunsigliu Naziunale le 11 mai dernier, Femu a Corsica a engagé la mobilisation de ses forces militantes, aux fins de travailler en priorité sur la question démographique et les enjeux qui l’entourent : identité culturelle, citoyenneté corse, corps électoral, accès à la terre, à la propriété et au logement, modèle de développement économique et social, emploi, aménagement du territoire et urbanisme, etc. Femu a Corsica traitera cette question à l’aune de l’Histoire de la Corse et du peuple corse, de son socle de valeurs et de principes, de son projet politique et en intégrant les réalités et les enjeux de la Corse et du monde de 2025. Ces travaux s’inscriront dans la perspective d’une évolution institutionnelle vers un statut d’autonomie, octroyant à la Corse des moyens normatifs et des instruments juridiques lui permettant de maîtriser ses choix essentiels. À l’issue de ce cycle de travail, Femu a Corsica versera sa contribution dans le débat public et formulera des propositions dépassant la simple logique de dénonciation du constat. Simu è staremu un Populu vivu, maestru di e so scelte è di us o destinu !
Femu a Corsica
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