(CORSE MATIN)Dans une interview accordé au journal la croix, Laurent Marcangeli, le député-maire (LR) d’Ajaccio, dénonce les déclarations « polémiques » que tiennent certains élus de droite comme de gauche après la victoire des nationalistes aux régionales.
aut-il s’inquiéter de la victoire des nationalistes corses aux régionales ?
Laurent Marcangeli : La famille nationaliste confirme, certes, son influence mais totalise 35 % des suffrages, soit un point de moins qu’aux dernières élections. La différence, c’est que cette fois, dans le cadre d’une quadrangulaire, les autonomistes emmenés par Gilles Simeoni ont, pour gagner, uni leurs forces aux indépendantistes de Jean-Guy Talamoni. Ce qui m’inquiète, ce sont plutôt les cris d’orfraie que poussent certains hommes politiques, en totale méconnaissance des réalités de l’île. Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon mais aussi, à droite, François Fillon ou Henri Guaino avancent une conception archaïque de la République.
Diriez-vous que les Corses ont exprimé avant tout un besoin d’autonomie ?
L. M. : L’issue du scrutin aurait sans doute été différente si la Corse n’était pas la région qui a enregistré la plus forte progression du chômage entre 2010 et 2015 et si 20 % de ses habitants ne vivaient pas en dessous du seuil de pauvreté. Ces résultats sanctionnent aussi un manque durable de crédibilité de l’action publique. Il faudrait faire davantage d’efforts pour l’enseignement du corse, un élément central de notre identité, qui ne menace en rien notre lien à la France. Quant à l’autonomie, même si le mot est piégé, elle ne doit pas nous faire peur. Dans le cadre d’une décentralisation accrue, la Corse devrait pouvoir adapter les lois et les normes dans un nombre restreint de domaines (économie, aménagement du territoire, protection de l’environnement).Il y a peu de chances que le gouvernement s’engage dans cette voie à la veille de la présidentielle. Une bonne partie de ma formation le lui reprocherait, d’ailleurs. Et pourtant, l’enjeu est essentiel : s’ils persistent dans l’erreur, les partis traditionnels comme le mien auront disparu de Corse d’ici dix à quinze ans.
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