#Corse « des élections #territoriales2015 entre clanisme et « désaffection du politique »

Les jeux sont très ouverts aux élections territoriales des 6 et 13 décembre en Corse, la présence de 12 listes en lice laissant prévoir un éparpillement des voix entre gauche, nationalistes et droite, au premier tour, et la formation de nouvelles alliances au second.

La Corse est dotée d’un statut particulier qui fait d’elle une Collectivité territoriale (CTC) aux pouvoirs plus étendus que dans les régions continentales et d’une relative autonomie.

« Tout peut arriver car cette élection n’est que le +brouillon+ de la prochaine, dans deux ans », souligne pour l’AFP le journaliste et écrivain Jacques Renucci, analyste reconnu sur l’échiquier politique insulaire.

L’assemblée issue de ce scrutin ne siègera en effet que deux années durant.

L’île, qui n’est pas concernée par la réforme sur la réorganisation des régions, deviendra le 1er janvier 2018 une collectivité unique, issue de la fusion de la CTC et des conseils départementaux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Sa mise en place provoquera de nouvelles élections.

On pourrait donc assister « à la constitution d’alliances impensables il y a encore dix ans, en raison notamment de la multiplication des listes, de la désaffection pour la politique et de l’éparpillement des voix », ajoute M. Renucci.

Les 215.000 électeurs de Corse, pour une population de 315.000 habitants, devront choisir entre douze listes: cinq de gauche, quatre de droite et trois nationalistes.

Selon un sondage OpinionWay diffusé début novembre, les nationalistes de Femu a Corsica (Faisons la Corse) du maire de Bastia Gilles Simeoni arriveraient en tête au premier tour avec 18% des voix, devant la liste DVD du député LR de Corse-du-Sud Camille de Rocca-Serra (16%).

Viendraient ensuite, ex aequo avec 12% des voix, la liste DVG du président sortant du conseil exécutif de la CTC et député DVG de Haute-Corse Paul Giacobbi, celle de droite investie par Les Républicains et l’UDI de l’ancien ministre José Rossi et celle du Front national.

Cet unique sondage réalisé à ce jour et qui porte sur le premier tour seulement a été accueilli avec scepticisme, d’autant qu’il prévoit une marge d’erreur et de 3 à 4%.

– « La force du clanisme » –

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Victorieuse en 2010 après 25 ans de domination de la droite, la gauche se présente en ordre dispersé avec cinq listes, même si celle de M. Giacobbi est souvent présentée comme favorite.

Elle est suivie par celle du Front de gauche du président communiste de l’assemblée territoriale Dominique Bucchini, qui recueillerait 7%.

Trois autres listes, dont celle soutenue par le PS de la conseillère territoriale Emmanuelle de Gentili, sont créditées de 4 ou 5%.

Cet éparpillement se retrouve à droite où Les Républicains ne sont pas parvenus à présenter une liste unique, cas unique en France.

MM. de Rocca-Serra et Rossi se sont toutefois engagés à fusionner au soir du premier tour.

En vertu d’un mode de scrutin spécifique, une liste doit obtenir 7% au premier tour pour se maintenir au second et au moins 5% pour pouvoir fusionner. A la différence du continent, il n’y a pas non plus de listes départementales mais des listes uniques pour la collectivité.

Les nationalistes, qui occupent 15 des 51 sièges de l’assemblée sortante, devraient confirmer leur poussée de 2010. Ils obtiendraient, selon le sondage, un total de 27% des voix, avec des scores respectifs de 8% et 1% pour les deux autres listes en compétition, Corsica Libera et Rinnovu.

Même si la participation est traditionnellement très élevée en Corse (57% au premier tour, selon OpinionWay), l’île est aussi nettement marquée, selon M. Renucci par « une désaffection du politique ». Ce phénomène expliquerait « la multiplication de listes de +rassemblement+ et +d’ouverture+ » pouvant se retrouver, par-delà les clivages traditionnels ».

Ce fut le cas à Bastia où pour arracher la mairie, fief depuis 40 ans des radicaux de gauche et des communistes, le nationaliste Simeoni s’allia à Mme de Gentili et à l’UMP.

Cette « recherche du consensus » illustre « l’adaptation du clanisme, fondement traditionnel de la politique insulaire, qui était républicain, de gauche comme de droite, et se teinte désormais de +corsisme+ (ndlr: défense des intérêts de la Corse) car sa force est de se survivre à lui-même », ajoute M. Renucci.

Pierre LANFRANCHI | 29/11/2015

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