#Corse – « Le chômage est en hausse… » par François Alfonsi

Les chiffres les plus récents font état d’une hausse significative des chiffres du chômage sur l’île. En réalité, c’est à une dégradation générale des indicateurs économiques qu’il faut s’attendre en ce dernier trimestre 2011. La crise gagne la Corse, et nous sommes tellement peu armés pour y faire face !

Les causes de cette panne économique sont diverses. Il y a d’abord la saison touristique, finalement plutôt morose malgré les espoirs d’avant-saison. Car tout se cumule, moins de départs en vacances parmi les toutes premières clientèles de l’île, en France et en Italie, elles-mêmes touchées par la crise. La chute pour la France est d’environ 10% de vacanciers en moins durant l’été, et la Corse a pris sa part de perte de clientèle, cumulée avec un pouvoir d’achat disponible globalement moindre. L’effet sur l’emploi ne se fait pas attendre, qui met fin aux contrats CDD par anticipation, avant même que septembre ne sonne la fin de saison. D’où les très mauvais chiffres d’août 2011 par rapport à août 2010.

Et cela annonce d’autres mauvais chiffres pour les mois à venir. Le règlement des factures des entreprises sollicitées pour faire des travaux au printemps dernier sera plus difficile que prévu. L’après-saison est toujours une période délicate en termes de faillites. Sans aller jusque là, une série de défauts de paiement serait de nature à handicaper nombre d’artisans et d’entreprises, qui devront alors procéder aussi à des compressions de personnel. Et, pour la prochaine saison, il y a fort à parier que les investissements seront moindres dans les infrastructures de tourisme.

La deuxième cause de la montée du chômage insulaire tient à la crise de l’économie publique. L’Etat réduit les postes de fonctionnaires : dans une région où ils sont particulièrement nombreux les effets sont immédiats ! Il gèle les dotations des collectivités publiques, qui, par voie de conséquence, peuvent moins dépenser, tandis que l’accès au crédit, y compris pour les collectivités locales, est de plus en plus difficile. Ainsi le département de la Corse du Sud, pourtant très peu endetté, s’est vu refuser un prêt de 15 millions d’euros (seulement 3 millions ont été attribués) alors que l’état de ses finances est tout à fait sain. Mais celles des banques laissent à désirer, et elles sont plus frileuses que jamais ! Conséquence : les communes sont obligées de ralentir leurs programmes d’investissement car l’attribution des subventions a été considérablement ralentie. L’économie publique, deuxième pilier de l’économie insulaire rentre en crise à son tour.

L’économie du bâtiment, autre poids lourd économique, ne pourra qu’en subir le contrecoup par la réduction de la commande publique. Ce sont en effet les dépenses d’investissement qui seront la première variable d’ajustement pour rétablir les comptes.

En fait, en cet automne 2011, on voit s’installer le cercle vicieux de la récession. Les ressources nettes de l’économie corse ayant diminué, le marché du travail est inévitablement atteint à son tour. Et les chiffres de l’emploi continueront à connaître une régulière dégradation … à la grecque.

Car l’économie corse présente de singulières ressemblances avec la situation que les médias observent désormais au microscope en Grèce. L’économie fondée sur les services et le tourisme s’y est développée au détriment des activités productives, industrie et artisanat, régulièrement négligés par des investisseurs obnubilés par l’attrait d’un tourisme tellement plus spéculatif ! L’agriculture a connu une déprise masquée par la générosité des aides de la PAC, la politique agricole commune. En volume, et en valeur, les productions agricoles chutent régulièrement, tandis que les terres les plus productives, celles des zones littorales, sont détournées vers l’urbanisation ou laissées à des spéculations errantes et peu productives. Ainsi, en Corse, les revenus réels de l’élevage bovin, la vente de viande, ne couvre que le cinquième des revenus des agriculteurs, le reste, 80%, étant lié aux primes. Pour les ovins, ou les caprins, c’est exactement l’inverse, mais, pourtant, ce sont ces élevages qui reculent chaque année davantage sous la pression d’un système de subventions publiques qui marche sur la tête.

A ce jour, nous n’avons pas de comptabilité publique, et la Corse n’aura pas à publier en décembre prochain les chiffres de sa dette, ou de son déficit budgétaire, ou de sa balance commerciale. Mais l’évidence est là : le chemin pour atteindre notre autonomie économique sera très long. Or il n’existe pas d’autonomie politique réelle sans autonomie économique et financière. La Grèce, tout Etat indépendant qu’elle soit, le sait bien qui encaisse un train de mesures d’austérité au détriment de la volonté des Grecs eux-mêmes.

Notre combat politique pour l’autonomie politique doit donc s’attacher à sortir notre île de sa dépendance économique, dépendance qui se décline aussi sur le mode sociologique à l’instar d’une drogue à laquelle la société corse s’est progressivement accoutumée à travers la généralisation de l’assistance. Sortir de la dépendance économique sera avant tout un effort sur nous-mêmes. Ce sera le grand chantier des générations nouvelles du «riacquistu».

François ALFONSI

http://www.p-n-c.eu/

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