#Corse « Résultats et analyses : Où va le mouvement nationaliste corse ? »

Voici les premières impressions après les élections cantonales de Pierrot Poggioli :

Forte abstention, (Plus 20 % en Haute-Corse et Plus 2,50 %  en Corse du Sud). Même si la participation à ce type d’élection est supérieure à la moyenne française, en Corse elle l’a toujours été, (Clientélisme oblige) les Corses semblent un peu plus avoir bien compris l’inutilité (et le coût bien inutile) occasionné par des élections à une institution qui va disparaître.  Victoire de l’UMP en Corse du Sud et de la mouvance Paul Giacobbi en Haute-Corse (les systèmes clientélistes reconduisent ceux et celles qui sont aux commandes des subventions et des aides en tous genre, surtout en matière sociale dans des institutions, et qui constituent les bases du clanisme et du clientélisme).

Les nationalistes avançaient séparés, sauf à Figari. Lorsqu’une seule des deux mouvances Femu a Corsica ou Corsica lIbera se présentait seule, le soutien de l’autre mouvance absente n’a guère été effectif (Corté et région notamment).

Femu a Corsica dans le prolongement de son alliance majorité municipale à Bastia s’est présentée deux fois en binôme avec la droite et deux fois avec la gauche. En  binôme avec la Droite « Alliance municipale Bastia », Femu a  Corsica obtient un siège à Bastia, en rate de peu un 2ème. Un 3ème binôme Femu a Corsica-Gauche « Alliance municipale Bastia » se trouve en ballottage favorable et un 4ème binôme  est au second tour, mais a peu de chances de succès). Corsica Libera tire son épingle du jeu, avec de bons résultats à Corti, Calvi, Bastia 2, Bavella en se présentant seule, et d’autres bons résultats en se présentant avec d’autres ou en soutien.

Mais les nationalistes perdent leurs deux sièges (Un PNC et un nationaliste sans étiquette).

La baisse de participation, fait nouveau en Corse où ce genre d’élection bat les records d’habitude, fait monter les taux des résultats (mais nombre d‘anciens élus ne se représentaient pas vue la baisse du nombre de cantons et la réforme prévue en 2018).

Trois forces politiques se partagent  le panorama politique

Désormais hormis les mouvements nationalistes, l’île et régentée par la Droite omniprésente au Sud et la Gauche ne tient plus que grâce à la mouvance Giacobbiste en Haute-Corse.

Le Front de gauche et le PCF sont de plus en plus affaiblis. Quelques résidus de la gauche républicaine chère à Nicolas Alfonsi, à François Casasoprana dans le Sud et au clan Zuccarelli dans le Nord résistent mal par ci-par là.  Le PCF sur Bastia-région poursuit sa chute avec le clan Zuccarelli, depuis la perte de la ville de Bastia, ainsi que sur le Sud. Leurs positions qui n’évoluent pas, ne sont guère favorables à la défense des intérêts spécifiques de la Corse et des Corses. L’avenir de cette gauche diverse et affaiblie dépend désormais de la place que voudra bien lui accorder à l’avenir dans sa stratégie Paul Giacobbi, qui reste l’homme fort dans l’île (surtout en Haute-Corse, malgré les péripétie avec ses ex-amis).L’alliance avec Femu a Corsica de certains candidats de «gauche » brouille le panorama,  ne renforçant guère le Parti socialiste.

La Droite a quasiment tout raflé depuis quelques années au Sud (Sarrola entouré, change d’étiquette basculant à Droite). Le Parti socialiste n’a a jamais été très fort et ces élections ne le renforcent  guère au Sud.  En Haute-Corse, l’alliance de la Droite avec Femu a Corsica brouille le panorama, créant quelques remous au sein de l’UMP.

Globalement, la Corse est donc désormais gérée par trois courants de plus ou moins égale représentativité : la Droite UMP, la gauche giacobbiste et les Nationalistes. Et les manœuvres vont déjà bon train en vue des élections Territoriales. En Corse, une élection en cache une autre. D’où les efforts surhumains pour conquérir une mairie, pour être bien placé pour les élections cantonales, peser sur les législatives et obtenir une place sur les liste des Territoriales pour les candidat(e)s et le pouvoir pour la droite, le courant Giacobbi ou les nationalistes.

Etant donné qu’il faudra au moins l’alliance de deux de ces forces pour diriger la Collectivité de Corse, les spéculations vont bon train. N’oublions pas cependant que par le passé, des alliances contre- nature ont souvent vu le jour : droite- radicaux de gauche et même Front national se sont souvent alliées pour diriger l’Assemblée de Corse et diverses collectivités. La nouveauté sera la position des nationalistes et l’attitude de la Droite ou de Paul Giacobbi vis à vis d’eux, même si les dernières élections et les débats à l’Assemblée de Corse nous ont déjà donné quelques pistes de réflexion quant au positionnement futur des uns et des autres.

Ne dit-on pas que la stratégie d’alliance de Femu  Corsica est déjà arrêtée (du moins celle d’une partie de cette coalition, car il y a trois sensibilités en son sein : Le PNC de Jean-Christophe Angelini, a Chjama de Jean Biancucci et Edmond Simeoni, et Inseme de  Gilles Simeoni).  Et si les débats ne sont pas clos à ce sujet, la rumeur d’une stratégie d’alliance avec la Droite du Sud, (L’UMP Haute-Corse étant plus que divisée sur le sujet)  enfle sur une alliance qui donnerait l’Exécutif à José Rossi et la Présidence de l’Assemblée à Gilles Simeoni… Cela expliquerait en partie  les tergiversations de cette mouvance sur Aiacciu aux dernières élections municipales, refusant l’alliance avec Corsica Libera puis avec la gauche alors que certains engagements avaient été pris avec cette gauche avant le 1er tour et le 2ème tour comme avec Corsica Libera.

L’union des nationalistes

Si cela se concrétisait (mais en attendant ça risque de bouger a Conseil général de Corse du Sud) deux forces risqueraient d’être confinées à la marginalité ou au soutien négocié au coup par coup en cas d’élections de candidats de leurs mouvements à la CTC, Corsica Libera, en fonction des positions adoptées par Femu a Corsica, et Le Front National qui monte, mais qui sera « au piquet » sauf à s’allier avec l’UMP. Les restes de la gauche non giacobbiste auront du mal à résister, si Paul Giacobbi ne leur donne pas un rôle dans sa stratégie.

Si Corsica Libera a réitéré ses appels à l’Union avec Femu a Corsica, elle n’a reçu aucun écho et les dernières élections cantonales ne montrent guère un quelconque rapprochement (excepté à Figari, mais c’est le PNC qui est à la manœuvre). Pourtant il faut le répéter, avant de s’allier à une quelconque force de droite ou de gauche pour arriver aux responsabilités ou gérer la CTC, autre institution ou collectivité, ne faut-il pas mieux privilégier l’unité d’action des deux mouvances nationalistes au moins au second tour de ces territoriales ?

En tout cas, il faut désormais attendre les débats au sein de la coalition Femu a Corsica pour avoir confirmation, car l’unanimité n’est pas de mise, notamment du côté du PNC pour avaliser cette stratégie avec la Droite.

Divergences de fond au-delà d’enjeux tacticiens

Les mouvements nationalistes aujourd’hui n’ont plus le problème de la violence mis en avant pour expliquer les divergences, puisque le FLNC démilitarise depuis juin 2014. Reste le problème des institutions : évolutions, autonomie, autodétermination, indépendance. L’indépendance est encore agitée comme un chiffon rouge, mais c’est un faux problème. Il faudra de toutes façons pour que l’Europe ou une partie de l’Europe continue d’exister, une réforme en profondeur et les états-nations, dont la France  devront évoluer bon gré mal gré. Aussi  la forme « institutionnelle »   future de l’île dépendra-t-elle aussi de la place des territoires à forte identité au sein de cette Europe réformée ou révolutionnée. Aussi l’essentiel aujourd’hui, au vu de l’état déliquescent de la société corse, ne  doit-il pas  être de se battre sur le contenu ? Et c’est là que les alliances privilégiées éclairent d’avantage le jeu.

Car le véritable débat qui traverse  les mouvements nationalistes de manière transversal n’est plus le choix des moyens.. Il  ne devrait pas être non plus celui des Institutions, mais est surtout, plus ou moins escamoté, occulté ou camouflé, c’est celui des choix de société.

Historiquement, la mouvance de libération nationale (aujourd’hui représentée par  Corsica Libera) s’est toujours située du côté des idéaux de la gauche et des idées progressistes dans ses propositions et au plan international. Même si le clan Zuccareliste et le Front de gauche, la gauche républicaine dans l’île étaient très opposées aux Nationalisme corse, et même si aujourd’hui, le gouvernement socialiste en place  ignore, voire méprise la Corse. Aussi faut-il rappeler en permanence ces  fondamentaux notamment  aux nouveaux nationalistes corses, anciens ou jeunes, qui confondent parfois certaines positions de Corsica Libera avec celles du Front National.  A Femu a Corsica, ces débats sur les orientations en matière de choix de société  semblent plus difficiles à appréhender mais les futurs débats internes ne manqueront pas de tourner aussi autour de cette problématique.

Une nécessaire réadaptation organisationnelle et stratégique

Tous les mouvements nationalistes, de plus en plus confinés à une stratégie d’institutionnalisation, surtout depuis l’arrêt des actions armées du FLNC, devront aussi veiller à ne pas se laisser phagocyter, digérer par le système qu’ils combattent depuis des décennies, au risque, en rentrant dans les rangs,  de perdre leur âme dans d’obscures tractations ou stratégies politiciennes. Ils devront pour cela éviter nombre de pièges liés à une stratégie trop calquée sur l’électoralisme : singer les élus traditionnels avec cravates, belles paroles et peu de militantisme de terrain, danger des mêmes pratiques clientélistes, danger de tomber dans un nouveau clanisme, risque s d’être attirés par les  mêmes pratiques (alliances à tout prix pour arriver « au pouvoir », aux affaires ou aux responsabilités) discours de plus en plus calqué sur le langage traditionnel et politiquement correct de partis français y compris au plan des analyses … Si cela était le cas, ils ne feraient alors plus rêver personne en Corse et signeraient la fin d‘une lutte menée depuis des décennies pour les Droits du peuple corse sur sa terre, désespérant les Corses, minoritaires et sans avenir collectif,  et la jeunesse qui se perdrait dans d’autres voies suicidaires.

Structuration et démocratie interne

Aujourd’hui, de toutes les structures nationalistes issues de cette lutte,  seul le Syndicat des Travailleurs corses, même si certains peuvent être critiques à son sujet, mais nul n’est parfait, a une structuration et un fonctionnement interne, avec des débats, des AG, des sections, des secteurs, des instances diverses élues démocratiquement… Les autres mouvements nationalistes ne peuvent en dire autant. Aujourd’hui, ils sont dirigés par un  appareil plus ou moins important autour de quelques responsables dont les affinités sont souvent plus personnelles que politiques. Leur implantation militante et organisationnelle sur l’ensemble de la Corse étant très inégale, voire quasi-inexistante, ne se réveillant ou se manifestant que lors des échéances électorales. Le fonctionnement laissé à l’initiative de cet appareil plus ou moins important, peu démocratique, confine ainsi nombre de militants à  s’affronter, se taire ou accepter de se laisser confiner à la marge, sans pouvoir s’exprimer ou peser sur les décisions, quelles qu’elles soient. Le temps des scissions d’antan n’ayant plus d’avenir. A terme, avec la nouvelle situation, née de la décision du FLNC, ces mouvements,  risquant sinon de se scléroser et de perdre leur influence auprès du peuple, devraient pourtant mieux s’organiser en adoptant des règles de fonctionnement et de décision plus démocratiques, comme tout mouvement moderne, structuré et organisé.

L’heure n’est-elle pas venue pour ces mouvements nationalistes de se doter et d’organiser des « outils adéquats à un moment où l’on est passé «d’un point de vue de résistance et de réponse à un point de vue de résolution et d’accumulation des forces» ?

La dénonciation du Front National

Le phénomène nouveau est aujourd’hui la montée en Corse, avec une participation de candidats et candidates que le FN est allé chercher souvent au sein de la “colonisation de peuplement”.  Les mouvements nationalistes devront se pencher sur cette nouvelle situation et revenir à leurs fondamentaux par rapport à ce Parti qui s’est toujours situé du côté de la répression et de la négation des idées défendues par les nationalistes corses,

Front National in Corsica, Fronte pà a Francia

Ils doivent réaffirmer qu’il ne faut pas  confondre nationalisme corse (droits du peuple corse sur sa terre) et nationalisme français, dont le FN,  parti partisan d’une France unie et indivisible est un pur produit. Le Front national (Marine le Pen) vient de rappeler qu’il  ne condamnait pas la torture, comme il demandait la peine de mort pour les « terroristes du FLNC », il n’a pas manqué de réaffirmer son aversion pour les « langues et cultures régionales en France » notamment par ses positions en Bretagne (pour la Corse, opposition à la coofficialité et au statut de résident),

Louis Aliot, bras droit de Marine Le Pen, vice-président du FN, chargé de la formation et des élus, conseiller municipal de Perpignan (Catalogne Nord), qui combat  toutes les revendications identitaires catalanistes, y compris en dehors du territoire français, a réaffirmé (10 novembre 2014) son opposition aux revendications catalanes, dans une lettre à Madame le Préfet des Pyrénées Orientales. Cette lettre en appelait à la répression des Catalans qui entendaient manifester pacifiquement devant le consulat d’Espagne pour dénoncer l’attitude de Madrid sur la question du référendum d’autodétermination en Catalogne-sud., Louis Aliot se mobilise contre l’emploi des langues traditionnelles européennes dans l’espace public. Le 25 septembre 2014, lors d’une séance du conseil municipal de Perpignan, il s’en est pris violemment à une élue qui s’exprimant en catalan, fustigeant le « bafouage ( sic ) de la langue française et le non-respect de la légalité. » Les Corses, et parmi eux les nationalistes corses, qui ont massivement arboré la Bandera et défié les autorités coloniales ne sauraient donc céder aux mirages électoralistes et aux fausses solutions d’un tel parti tricolore. La colonisation de peuplement dénoncée par les nationalistes corses minorant notre peuple sur sa terre, inclut tous les non-corses y compris celles et ceux français de l’hexagone (5000 nouvelles inscriptions sur les listes électorales depuis l’an 2000).. Le FN veut  réduire le débat sur cette colonisation à  la dénonciation de l’immigration maghrébine.

Pierre_Poggioli-300x225La notion de peuple corse défendue par les mouvements nationalistes privilégie l’intégration des nouveaux arrivants qui le souhaitent et le montrent au quotidien. Cette notion de peuple corse inclut les Corses d’origine et tous ceux et celles qui sans distinction d’origine, de couleur de peau, de religion veulent sincèrement s’intégrer à notre peuple pour en assumer les droits et les devoirs en luttant à ses côtés pour un avenir commun (définition votée par l’Assemblée de Corse à la demande des nationalistes corses en 1988).

PIERROT POGGIOLI

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