Corse – Le détail des déclarations des membres du commando. Les ravages de « l’affaire Erignac ».

Au-delà de «l’affaire Colonna» on a tendance à oublier «l’affaire Erignac». Ce drame terrible, d’une famille à qui on a arraché un père, un mari. Par ce geste fou de l’assassinat politique d’un des plus hauts représentants de l’Etat en Corse, les hommes du commando voulaient créer un «électrochoc», en Corse, et à Paris, un acte salvateur qui devait amener un changement radical dans l’île. Leur approche purement théorique ne leur a pas permis d’envisager les conséquences de cet acte terrible, notamment sur leur vie personnelle et familiale. Vies brisées, déceptions, rancœurs, ressentiments, il faut bien mesurer tous les ravages de cette affaire sur leur conscience.

La quatrième semaine du Procès Colonna a permis de replonger dans tout ce gâchis.

Persuadés d’être des «sacrifiés» pour la cause, incompris et amers, les hommes du commando expriment un ressenti violent, presque haineux, difficilement compréhensible et qui a permis d’entretenir depuis 13 ans le postulat de culpabilité bâti par l’accusation et les dérives du système de la justice d’exception du Parquet antiterroriste de Paris. Ainsi, ni le fait de crier son innocence pour Yvan Colonna, ni les rétractations de ses accusateurs, ni les vices de l’enquête et de l’instruction, ni les contradictions des éléments à charge, ni les éléments à décharges, ni les éléments matériels, ni les témoignages, n’ont permis de revenir sur ce postulat de la culpabilité. Aussi, on attendait avec impatience une nouvelle fois les membres du commando cette quatrième semaine, pour comprendre pourquoi ils ont injustement mis en cause Yvan Colonna, parfois avec tant de détails que leurs silences aujourd’hui et leurs insistance à le dédouaner sans donner plus de précision, sans vouloir participer à la reconstitution, prêtent encore aux interprétations. «Leur logique échappe à l’analyse, commente le Comité de soutien. Tous ont dit le naufrage, les regrets d’avoir commis un acte extrême qu’ils avaient conçu comme salvateur et précurseur d’une ère nouvelle… peu importe alors tout ce qui est à la périphérie de cette bulle dans laquelle ils se sont enfermés. C’est ainsi qu’ils n’ont jamais tenté de disculper qui que ce soit, ni M. Filidori, ni M. Lorenzoni, ni V.Andriuzzi et J.Castela, et encore moins Yvan Colonna».

Martin Ottaviani

Avant la lecture de ses Procès Verbaux de garde à vue par le Président de la Cour, Martin Ottaviani déclare: «Yvan Colonna est innocent, il n’a jamais participé à l’assassinat du préfet Erignac ni à l’attaque de la gendarmerie de Pietrosella. Il n’a jamais fait partie du groupe des anonymes».

Il reconnait avoir mis en cause Yvan Colonna lors de sa garde à vue «par faiblesse et pour protéger ma famille». Il le regrette aujourd’hui: «On m’a présenté les procès verbaux des autres avec le nom d’Yvan Colonna dessus. J’ai validé son nom aux policiers… tout était déjà écrit… Il y a des mots dont je ne connais d’ailleurs même pas le sens… je confirme qu’il ne faisait pas partie de notre groupe… j’ai toujours voulu disculper Yvan Colonna, le faire plus tôt, j’ai demandé à mes avocats, ce sont eux qui m’ont conseillé d’attendre le procès de 2003 pour le faire… j’ai suivi le conseil de mes avocats… eux aussi savaient qu’Yvan Colonna n’était pas sur les actions… je n’étais pas d’accord avec eux, moi je l’aurais dit tout de suite… mais c’était leurs conseils, alors j’ai suivi…»

Yvan Colonna s’adresse à lui : «Martin, quand tu arrives en garde à vue, il y a déjà les aveux et les mises en cause de Didier Maranelli et de Pierre Alessandri… je peux comprendre certaines choses, le souci pour sa famille etc… mais bon, en fait, NON, je te le dis, je ne comprends pas!… J’ai émis tout un tas d’hypothèses, et je ne trouve pas d’explications à ça… et aujourd’hui tu ne m’apportes pas de réponses… tu le sais, mais tu ne m’aides pas…»

Réponse d’Ottaviani : «J’aurais du le faire avant c’est vrai, je regrette… mais je n’ai pas la capacité à écrire des courriers, à m’exprimer facilement… je ne savais pas comment faire alors j’ai demandé conseil à mes avocats qui m’ont dit de faire comme ça… d’attendre mon procès pour en parler… C’est la troisième fois que je viens, que je dis, j’explique à ma manière…»

Maître Gilles Simeoni intervient auprès de la Cour : «Il est indispensable de revenir aux éléments chronologiques du dossier, pour bien comprendre comment tout cela a bien pu se passer… la mise en cause d’Yvan Colonna est glaçante par les précisions et les détails qui sont donnés… Ce qui doit vous interpeller c’est que visiblement ce ne sont pas les mots de Martin Ottaviani… 3 pages (8ème déposition lue par Me Simeoni), c’est exactement la même chose, à la virgule près, à la faute d’orthographe près dans d’autres procès verbaux d’interrogatoire. Est-ce qu’on va continuer à s’appuyer sur ce genre de PV ?»

Maître Simeoni demande ensuite à Martin Ottaviani de participer à la reconstitution, il le supplie même, mais ce dernier refuse. Et lorsque la défense encore lui demande s’il y avait «d’autres membres non identifiés», le témoin répond : «j’ai transporté des personnes dont je n’ai jamais vu le visage… elles portaient des cagoules…»

Marcel Istria

Retenu à la centrale de St Maur où il est incarcéré, pour un problème de santé, il témoigne en visioconférence. Il a toujours dit qu’il était innocent des faits qui lui sont reprochés.

D’emblée, il déclare : «…Vous dîtes que vous rendez la justice au nom du peuple français, je pense que comme vous êtes une cour spéciale, en fait vous ne rendez pas la justice au nom du peuple français». Le président lui lit les procès verbaux de garde à vue. Aux déclarations de Didier Maranelli qui l’accusent, Marcel Istria répond: «il est un menteur et je voudrais l’entendre de sa bouche… c’est sa parole contre la mienne…» Même chose concernant Martin Ottaviani. Il dénonce les parodies de justice qui ne permettent pas des procès équitables. «J’étais sur mon lieu de travail ce soir du 6 février 1998 et je n’y ai vu personne… rien n’a jamais été vérifié… j’ai appelé Alain Ferrandi pour lui parler d’un 4×4 ce soir là, c’est mon métier de surveiller, les policiers avaient le numéro de ce 4×4, ils n’ont jamais fait de vérification des choses que je disais…»«Pendant la garde à vue, on m’a montré les procès verbaux de Didier Maranelli et de Pierre Alessandri… À un autre moment on m’a mis dans la même pièce que la femme de Martin Ottaviani… je ne la connaissais pas… je n’ai jamais compris pourquoi… puis on m’a montré Didier Maranelli passant dans le couloir tête baissée pendant qu’on l’insultait… Les policiers m’ont dit «mais non! On sait que c’est pas toi qui a tiré!»… On m’a fait voir les procès verbaux de tout le monde pour me faire parler et comme ça ne suffisait pas, comme je traitais Didier Maranelli de menteur, c’est là que ça a dégénéré… j’ai été frappé pendant un quart d’heure, on m’a emmené à l’hôpital…Quant je suis revenu, j’ai demandé à aller aux toilettes… on m’avait donné des trucs qui m’ont donné mal au ventre… je suis allé aux toilettes menotté les mains dans le dos, et on m’a dit débrouille toi pour te nettoyer… je vous laisse imaginer».

Alain Ferrandi

Extraits des procès verbaux de garde à vue : «Ma femme n’est pas au courant de mes activités… nous avons commis un acte majeur qui a échoué… je suis d’accord pour m’exprimer sur les faits à la condition de prendre connaissance des déclarations des autres gardés à vue, et des résultats de vos recherches»

«Je prends connaissance des déclarations de mon épouse… sur ces déclarations je n’ai rien à ajouter, ma femme vous a dit la vérité».

Extraits des PV d’interrogatoire chez le juge en juin 1999 : «je confirme mes déclarations de garde à vue et je n’ai rien à ajouter… je respecte les déclarations de mes camarades et je ne souhaite pas les commenter pour des raisons qui me sont propres… chacun est responsable de ses propres déclarations… je n’ai rien à dire sur Yvan Colonna qui n’est pas présent, en ce moment… Il ne se trouve pas dans la même situation que nous…»

Sur les questions de la Cour : «J’ai assumé mes responsabilités et j’ai adopté une ligne de conduite… je n’ai jamais fait quelque commentaire que ce soit sur les déclarations de mes co-accusés… j’ai fait pour Colonna comme j’ai fait pour Lorenzoni ou Filidori… je n’ai jamais dégagé personne et j’ai aucune appréciation sur les mises en cause… mais on a toujours fait de mauvaises interprétation de mes propos (cf précédente déclaration: «tu es un homme d’honneur, si tu avais fait partie du groupe, tu aurais assumé, par conséquent tu ne faisais pas partie de notre groupe») c’est sûr, il aurait été préférable de le faire autrement…»

«J’ai lu les déclarations de Bonnet dans la presse… s’il connaît tant de choses, il faudrait qu’il nous dise qui est «Corté»… en tous les cas, il est mal placé pour donner des leçons… la police en revanche n’a jamais enquêté sur cet informateur… il y a beaucoup de zones d’ombres…»

«M.Colonna n’a jamais fait partie de notre groupe… je n’avais pas de relations avec Yvan Colonna dans ce cadre là…Il ne faisait pas partie des personnes qui ont participé à la constitution du groupe… S’il y avait d’autres personnes? Il ne m’appartient pas de dire oui ou non…»

«J’ai validé les déclarations de ma femme parce qu’égoïstement je ne souhaitais pas que mon fils soit privé de sa mère et de son père en même temps… ma femme n’était pas à l’abri d’une mise en examen dans la mesure où elle m’avait fourni un faux alibi… avec cet assassinat, j’ai hypothéqué mon existence et d’une certaine manière j’essaie de protéger celle de ma femme et de mon fils…»

«Il y a eu de nombreuses personnes mises en examen dans cette enquête, je ne me suis jamais prononcé sur personne… de plus j’ai toujours pensé qu’avec l’entregent de son père, qui avait été député socialiste, il s’en sortirait toujours… je n’ai disculpé personne, ni Andriuzzi, ni Castela, qui étaient considérés comme les commanditaires…»

«Au sujet de l’assassinat, on s’est laissé emporter par notre enthousiasme, notre idée était de provoquer l’Etat français et de créer un séisme politique. On a de toute évidence dépassé le stade de l’humain».

Sur les questions de la défense: «Il n’y a jamais eu de réunions sur la propriété de Colonna, il n’était pas concerné… son nom a été utilisé à tort… mais il m’est arrivé de penser qu’il aurait pu être l’informateur de Bonnet… c’est pour cela que j’ai attendu… c’est une rumeur qui a circulé en prison, j’avoue que j’y est cru… je me suis posé des questions… de plus son père était proche des socialistes… cela a accrédité ma suspicion…»

«J’ai entendu parler de sa cavale aussi, qu’il faisait du footing à Propriano… on a parlé de sa reddition… je me suis interrogé sur le fait qu’il était recherché ou non… c’était durant l’instruction… la rumeur tue en Corse… j’avais plein de remontées identiques… Yvan Colonna pas arrêté, en cavale, tranquille, pas vraiment recherché… j’y ai cru…»

Yvan Colonna intervient: «Je voudrais intervenir à ce stade pour préciser qu’à l’évidence, la personne dont j’ai parlé les premiers jours du procès, ce n’est pas Alain Ferrandi… il s’agit de Pierre Alessandri… c’est lui qui m’a contacté pour faire partie du groupe… après l’attentat contre la gendarmerie de Pietrosella, il m’a parlé du groupe, j’ai refusé parce qu’à l’époque j’étais plus proche de mon beau frère, Joseph Caviglioli…»

La Cour: «Avec Pierre Alessandri vous êtes pourtant dans une proximité militante?»

Yvan Colonna: «Non, à l’époque je suis très proche de mon beau frère…»

Pierre Alessandri

Extraits de la déclaration liminaire : «Je n’assumerai pas toutes les responsabilités… et surtout pas celles collectives de mon groupe, ni celles qui concernent le déroulement des enquêtes, les excès, les loupés, etc… ni celles du procès de 2003 qui a été disjoint du cas de M. Colonna… C’est cette disjonction qui n’a pas permis de purger certaines rancoeurs, ni même certaines haines… on aurait abouti plus rapidement s’il n’y avait pas eu la disjonction…»

Réaction lors de la lecture des PV de garde à vue par le président Stephan : «je voudrais vous dire que je regrette les conséquences de mes déclarations… j’avais toujours prévu de faire la démarche, mais cela a toujours été empêché par un événement…»

«J’ai trouvé une sorte de porte de sortie… ces mises en cause c’est justement parce que j’avais du mal à assumer ma propre décision… il y a eu également les menaces contre mes proches.. et contre nos épouses… et je n’aurais jamais imaginé que la cavale d’Yvan Colonna aurait duré 4 ans»

Sur les questions de la Cour : «nous partagions avec Yvan Colonna les mêmes combats politiques… nous nous voyions régulièrement… c’était des réunions informelles… des discussions en tête à tête ou en présence d’autres personnes… c’est, je pense l’élément qui a parasité toute cette affaire… mais il n’a jamais fait partie de notre groupe…»

«L’élément déclencheur, c’est cette affaire de tentative d’assassinat sur Pierrot Poggioli… on nous a associé… tous les trois par la police… Yvan Colonna et moi, nous n’avons pas eu le même parcours politique, on s’est retrouvé c’est vrai, au niveau associatif, on avait des choses en commun, mais on n’était pas investi tous les deux dans les mêmes structures syndicales (SCA) ou politiques (Cuncolta)… moi j’ai continué, pas lui…»

«Pour moi c’était logique qu’il vienne avec nous… il savait qu’on allait vers des actions très dures.. c’est moi qui discutais avec Yvan Colonna… quand j’ai décidé de franchir le pas, il avait lui même à cette époque un discours très radical… il avait beaucoup de lectures sur les mouvements révolutionnaires, pour moi il aurait du participer… mais à l’époque il a privilégié son travail et sa famille… moi aussi j’avais une famille… je n’ai pas compris… ça n’était pas un argument»

Concernant les déclarations en gardes à vue : «j’ai déjà dit que c’était pour moi une porte de sortie, d’abord parce que son nom m’a été «proposé» en quelque sorte par les policiers, et puis parce que je n’arrivais pas à assumer l’acte en lui même, celui de tuer… j’ai donné son nom mais sans imaginer qu’il ferait quatre années de cavale… cette responsabilité-là, c’est la sienne, pas la mienne… Son nom est arrivé dans un procès verbal… je me suis servi de la situation… j’ai appris aussi qu’il avait pris la fuite… on m’a dit «le lièvre s’est échappé».. ce sont les deux choses que j’ai utilisées pour éviter d’endosser mes responsabilités à ce moment-là… les pressions sur ma femme étaient réelles… je savais que certaines femmes de militants nationalistes avaient été incarcérées… deux d’entre elles ont fait 12 et 18 mois de prison parce que leurs maris n’avaient rien à avouer! Ma femme a elle aussi accusé Yvan Colonna… cela s’explique par la pénibilité du contexte, et l’opportunité de ce nom proposé par les policiers…»

Concernant la rumeur de l’informateur : «Oui, j’ai entendu parler de cette rumeur, c’est devenu une hypothèse obsessionnelle pour certains d’entre nous… moi je n’y ai jamais cru… le reproche que je faisais à Yvan Colonna c’était de nous avoir mis, par son refus de participer, dans l’obligation de nous tourner vers d’autres personnes… moins «militantes» c’est ce qui explique peut être aussi les fuites et les informations qui arrivent au préfet Bonnet»

Sur la composition du groupe : «c’est évident qu’on était plus nombreux… ne serait ce qu’à Pietrosella… d’ailleurs un soir de repérage, on a vu deux fourgons pénétrer dans l’enceinte de la gendarmerie… on était nécessairement plus nombreux pour attaquer une gendarmerie…je ne dirais rien sur les autres personnes du groupe, j’assume totalement je l’ai dit, cet acte… c’est moi qui ai tué le préfet».

Question à propos de la 2ème arme de Pietrosella : «j’ai rendu cette arme pour apporter de la crédibilité à mes déclarations… cela prouvait que les procès verbaux étaient faux, du moins en partie… j’avais menti sur certaines choses et je voulais le prouver… apporter une preuve concrète… et ça a été un non événement, curieusement»

Question à propos de la scène du crime : «s’il y a une reconstitution, je l’expliquerai… sur cette action il y a un groupe de participants plus nombreux… il y avait quatre points de surveillance pour anticiper sur l’endroit où arriverait le préfet… il y a un homme en haut de la rue par exemple… nous étions quatre sur le dispositif…»

«C’est toujours à moi qu’il revient de donner des explications… c’est pourtant un acte collectif!! j’aurais aimé que d’autres donnent aussi des explications… je suis le seul à le faire… je le fais pour qu’Yvan Colonna puisse retrouver les siens… Il y avait une surveillance en quatre points (il montre) une rue était à sens unique donc il n’y en avait pas, on savait que le préfet n’arriverait pas par là… Alain Ferrandi se trouvait au niveau du Cours Napoléon, à l’intersection de la rue Colonel Colonna d’Ornano… je perds le chargeur de l’autre arme, celle que j’avais dans le dos… en la prenant, le chargeur est tombé… l’autre je l’avais laissée sur place…»

L’accusation harcèle le témoin par une série de questions auxquelles Pierre Alessandri refuse de répondre estimant avoir «déjà répondu».

Yvan Colonna intervient : «Je voudrais dire que c’est la première fois, enfin! qu’un membre du commando s’exprime et cela me satisfait… j’ai pour ma part situé cette démarche de «recrutement» de Pierre Alessandri après l’attentat de Pietrosella… je me rappelle que nous parlions souvent de politique à ce moment là… c’est vrai, quelques fois nous étions seuls, d’autres fois non… je me rappelle de discussions à la plage, à la paillote de mon frère, lors d’un trajet pour assister à un enterrement, par exemple… je n’ai jamais assisté à aucune réunion… c’était des discussions informelles…»

Pierre Alessandri : «Oui je suis d’accord, cela n’avait rien à voir avec les réunions proprement dites du groupe».

Yvan Colonna : «Je voudrais te rappeler aussi que j’étais à cette époque très proche de Joseph, mon beau frère.. que tu n’appréciais pas beaucoup toi même…»

Pierre Alessandri : «Ce n’est pas ça le reproche que je te faisais… ça ne portait pas là dessus… je t’ai reproché de ne pas mettre tes actes en accord avec tes idées… ton refus de participer était incompréhensible…»

Yvan Colonna : «Je n’ai pas franchi le pas du militantisme clandestin, et tu le sais… Joseph aussi avait essayé, je n’avais pas franchi le pas avec Joseph, je n’allais pas le faire avec toi!»

Pierre Alessandri : «Je me suis trompé sur toi finalement, quand on discutait on était d’accord sur plein de choses, on faisait les mêmes constats toi et moi, on remettait en cause les structures politiques existantes… tu aurais du venir avec nous, tu as refusé, c’était incompréhensible… après, tu prends la fuite, ça ressemble à une cavale politique, c’est une attitude politique, mais tu ne vas pas jusqu’au bout là non plus… les militants politiques mettent à profit la cavale pour continuer leurs actions… toi tu as élevé des chèvres! Cette analyse là, tu aurais pu la faire tout seul, tu aurais du te rendre… ça t’a servi à quoi de rester si longtemps?»

Yvan Colonna : «Je te rappelle que Marion avait dit «mort ou vif», alors moi, la seule chose que je pouvais faire c’est me cacher, me cacher et encore me cacher…»

Le président Stephan : «Pourquoi ne pas avoir parlé plus tôt de cette tentative de recrutement?»

Yvan Colonna : «Parce que les choses ont été très compliquées pour moi: j’ai été recherché pendant quatre ans pendant lesquels, je le dis, j’ai craint pour ma vie… après mon arrestation, j’ai fait 18 mois de QI (isolement) j’ai été privé de parloir pendant deux ans… je me suis protégé comme j’ai pu… ensuite l’instruction s’est faite uniquement à charge… pourquoi m’aurait on cru à ce moment là? On a toujours mis en doute ma parole.. pour mon emploi du temps, pour les explications que je donnais, je n’étais toujours qu’un menteur… si je dis «Pierre Alessandri est venu me recruter» on me répond: «mais alors, vous avez accepté, vous faisiez partie de ce groupe des anonymes…»

Le président : «Et aux juges, vous auriez pu en parler à vos juges d’instruction!»

Yvan Colonna : «Ecoutez, dans mon dossier, on a déjà vu des gens s’adresser aux juges d’instruction et ne recueillir que de gros ennuis judiciaires… Au premier procès, je vous le dis sincèrement, j’ai réellement cru que j’allais être acquitté! J’avais été innocenté, une condamnation était inconcevable… Au deuxième procès, ça a été une parodie… comment voulez vous que je parle d’une chose pareille… cela aurait été retenu à charge contre moi…»

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