Pierre Alessandri, qui confirme à la barre son rôle d’exécuteur du préfet Erignac, a un temps d’hésitation. Il y a comme un flottement lorsque le président, Hervé Stephan, lui demande « Qui est à son côté au moment où il tire ? ». Le témoin propose de s’en expliquer lors du transport sur les lieux. Il en a accepté le principe, quelques instants plus tôt, sous conditions. Pas question d’être traité comme du bétail : il garde un souvenir trop pénible de son transfert lors de la dernière reconstitution à Ajaccio. Le président a senti qu’il ne fallait pas laisser filer l’instant, et propose un plan de la scène du crime. Mais le témoin n’a pas ses lunettes. Va-t-on suspendre l’audience ? Me Dupond-Moretti toujours réactif, tend les siennes. Le témoin y voit plus clair, l’avocat tout flou. Pierre Alessandri indique que le dispositif sur place était plus important qu’on ne l’a dit, « Il y avait quatre points à surveiller sur le secteur », dit-il, en bougonnant un peu : « On en revient toujours au même problème, monsieur le président, c’est un acte collectif et c’est à moi qu’il revient, encore, de donner des explications. Mais il faut que la vérité sorte et qu’Yvan Colonna retrouve les siens, ce ne serait que justice ».