(Corsicainfurmazione.org, Unità Naziunale, Publié le 29 septembre 2025) Aujourd’hui, si nous sommes réunis à Corte, c’est parce que la petite pêche corse est en danger de mort.
Ce métier, qui fait vivre nos villages, nourrit nos familles et incarne une part essentielle de notre identité méditerranéenne, se trouve pris dans un étau : celui de réformes administratives absurdes et de décisions politiques déconnectées de la réalité de nos côtes.
Une crise sociale et économique sans précédent:
L’Assemblée Générale Extraordinaire de notre syndicat a été convoquée face à la réforme de l’URSSAF, qui impose aux pêcheurs artisans un système de cotisations totalement inadapté.
Comment peut-on demander à des marins qui, pour la majorité d’entre eux, ne travaillent que deux à troistrimestres par an, de payer les mêmes charges que des entreprises actives toute l’année ?
La saisonnalité de la pêche corse, aggravée par les tempêtes, les canicules marines, les vents violents, réduit drastiquement nos recettes. Résultat : de petites entreprises familiales, déjà fragiles, sont poussées vers la faillite.
Nous demandons une chose simple, juste et légitime : que l’État tienne compte de la réalité de nos embarquements et révise le lien entre l’ENIM et l’URSSAF.
Nous ne refusons pas nos devoirs, nous demandons seulement que nos droits soient respectés.
Des réglementations absurdes et injustes:
On veut nous imposer la VMS, ce système de géolocalisation que nos voisins italiens et espagnols n’appliquent pas.
En clair, c’est comme si on installait un bracelet électronique sur nos bateaux, comme si nous étions des suspects, alors que nous sommes des travailleurs de la mer.
Nous disons : non à la criminalisation de la petite pêche. Les navires de moins de 12 mètres doivent être exemptés de cette obligation.
Même dérive avec Visio Capture. Officiellement, il s’agit de contrôler les prises de thon et d’espadon. Dans la réalité, c’est un instrument de chantage : sans cela, pas d’accès aux AEP.
Au lieu de donner un peu d’air à la petite pêche, en permettant à plus de marins d’accéder à ces ressources, on étouffe encore davantage ceux qui survivent.
Et pendant ce temps, sur la rive sud de la Méditerranée, certains pays continuent de pêcher sans quotas ni contrôle, notamment sur le thon rouge. Où est la justice ? Où est l’Europe ? Où est la cohérence ?
Des promesses non tenues, des blocages répétés:
En février dernier, nous avons rencontré l’ancien Préfet de Région, Mr Jérôme Filippini. Une réunion avec l’ensemble des acteurs devait avoir lieu en septembre à Ajaccio. Aujourd’hui, silence total. Rien. Pas un mot du nouveau Préfet.
L’attente a trop duré. Nous avons été corrects, polis, responsables. Mais trop, c’est trop. Derrière notre patience, il y a des familles qui ne savent pas si elles pourront continuer à vivre de leur métier l’an prochain.
Et comme si cela ne suffisait pas, nous subissons au quotidien le mépris de certaines autorités locales.
À l’Île-Rousse, nos demandes pour l’installation d’un jeune pêcheur restent lettre morte. Nos places sont reprises par des plaisanciers, sans que personne ne réponde à nos courriers recommandés.
Le port est silencieux. L’administration est muette. Mais nous, nous sommes bien vivants, et nous continuerons de nous battre.
Une fracture entre discours et réalité:
Nous voyons la CDC multiplier les opérations de communication, en particulier l’OEC, parler du million d’euros attribué à la pêche, voté à l’unanimité par tous les groupes, Mais sur le terrain ? Rien de concret, juste des mesurettes et des contraintes abusives pour l’obtention des subventions.
On nous impose des restrictions absurdes, des obligations administratives impossibles, et au final, nous restons les grands oubliés.
Il y a une fracture béante entre ce qui se dit dans les bureaux et ce qui se vit sur les quais. On parle de nous, mais toujours sans nous.
Nos demandes, claires et légitimes
Aujourd’hui, nous posons quatre revendications simples :
● Des règles adaptées à la réalité de la petite pêche artisanale.
● Des cotisations sociales proportionnées à nos revenus réels.
● La fin des blocages administratifs pour l’installation des jeunes.
● Une véritable reconnaissance institutionnelle.
Nous ne demandons pas des privilèges. Nous demandons la justice. Nous demandons le respect.
Un appel à la société corse:
Nous ne voulons pas disparaître.
Nous voulons continuer à exercer ce métier qui nourrit, qui transmet, qui fait vivre nos villages et anime nos ports.
Nous voulons que nos enfants puissent encore voir des barques rentrer à l’aube, sentir l’odeur du poisson frais, entendre la langue de la mer résonner car partie prenante de notre patrimoine.
Car la petite pêche n’est pas une relique du passé : elle est l’avenir vivant de nos côtes, le garant d’une alimentation saine, locale, durable.
Conclusion:
Sans une réponse rapide et adaptée, nous nous considèrerons en légitime défense et nous nous réservons le droit de faire entendre notre amertume et notre détermination à sauver notre profession par toute action que nous jugerons nécessaire pour faire entendre notre voix.
U nostru mistieru ùn hà avvene senza suluzione.
A piccula pesca corsa merita di campà
Je vous remercie.
sindicatu pè a difesa di i piscadori corsi