« Domaine de la Pointe » : un symbole de la dépossession et de la spéculation organisées par l’Etat !

Il est l’un des produits de l’action de la Setco sur notre île, société d’économie mixte faisant office de bras armé de l’État pour l’équipement touristique de la Corse dans les années 1950 et 1960.

En 1957, la Setco rachète les terres agricoles de la presqu’île pour y construire un hôtel et une résidence « haut de gamme », conformes au projet de tourisme balnéaire qu’elle envisage à l’échelle de la Corse.

Alors que l’hôtel (aujourd’hui « Sofitel ») est cédé au groupe privé « Sheraton », la Setco impulse le développement du « Domaine de la Pointe » à travers un montage juridique bradant l’accès à la propriété foncière et faisant ainsi les bonnes affaires des acquéreurs extérieurs à la Corse.

Soixante-dix ans après sa création, alors que la valeur des biens immobiliers, acquis pour une bouchée de pain, a explosé, le Domaine de la Pointe abrite une cinquantaine de villas dont la quasi-totalité sont des résidences secondaires appartenant aux enfants et petits-enfants des premiers propriétaires, retraités et actifs fortunés vivant à Paris, en région parisienne et dans les métropoles internationales.

Ce cas d’espèce représente tout ce que nous ne voulons pas pour notre Pays : la dépossession de la terre organisée par l’État au profit de forces de l’argent extérieures à la Corse, la spéculation immobilière et la résidentialisation secondaire.

Si ces mécanismes funestes sont malheureusement à l’œuvre partout en Corse, notamment dans les zones littorales, la singularité du « Domaine de la Pointe » réside dans la responsabilité directe et active de l’État.

Cette privatisation de la terre corse, par des mains étrangères, est le fruit d’une opération impulsée et financée par les capitaux publics français.

Pour Femu a Corsica, cet exemple est révélateur des conséquences dévastatrices des politiques décidées et menées unilatéralement par l’État en Corse, du temps de la Setco, contraires aux intérêts du peuple corse.

Fort heureusement, en Corse, l’éveil de la conscience nationale, dans les années 1960 et 1970, et les mobilisations populaires qui en ont découlé, ont permis de mettre un frein à ces dérives qui auraient condamné, à grande échelle et de façon irréversible, notre pays et notre peuple, à ces logiques coloniales de non-développement et d’apartheid.

Femu a Corsica réaffirme avec fermeté que la Corse n’est pas et ne sera jamais une île de villégiature pour spéculateurs fortunés !

Elle est une terre, notre terre, sur laquelle vit, travaille et évolue, depuis des millénaires, un peuple avec son histoire, sa langue, sa culture, son identité et son rapport au monde.

À l’aune de ces enjeux qui demeurent, Femu a Corsica appelle l’ensemble des institutions de la Corse à définir et à mettre en œuvre un projet de développement et d’aménagement au service exclusif des Corses, notamment dans le cadre de documents stratégiques (PADDUC, PLU) en mobilisant tous les leviers à leur disposition.

Enfin, alors que le Parlement français doit statuer sur le projet de loi constitutionnelle portant statut d’autonomie de la Corse, Femu a Corsica rappelle l’impérieuse nécessité de transférer à la puissance publique corse les outils législatifs, réglementaires et fiscaux, susceptibles d’enrayer le fléau de la spéculation et de la dépossession (statut de résident, droit de préemption renforcé, fiscalité anti-spéculative, etc.).

À l’alba di e cummemurazione di i 50 anni di l’Evenimenti d’Aleria, siamu degni di a lascita di tanti patriotti, impignati pè dà un’altra via à a Corsica cà quella di a culunizazione, di a duminazione è di a sparizione, è custruimu un mudellu di sviluppu durevuli à prò di u Populu corsu !