Nous fêtons aujourd’hui les 300 ans de la naissance de Pascal Paoli qui fut le père de la nation corse moderne.

(Corsicainfurmazione.org, publié le 5 juin 2025) I 300 anni di a nascita di Paoli l’avvinimenti da ramintà è da cummimurà.

Nous fêtons aujourd’hui les 300 ans de la naissance de Pascal Paoli qui fut le père de la nation corse moderne. Aujourd’hui 5 juin est l’anniversaire de la prise de Capraia événement glorieux qui notre flotte nationale porté le coup décisif à la domination génoise en Corse et mer tyrrhénienne en 1767. Au-delà de l’interprétation, de l’exploitation ou du dénigrement parfois dont le personnage fait l’objet, Pascal PAOLI est un personnage qui a façonné notre histoire collective et qui a eu un rayonnement européen voire mondial. Il est le père de la nation corse car il façonné cette nation à travers un Etat, des institutions, mais aussi par un imaginaire et une symbolique. En donnant à la Corse une constitution, en édifiant une université, en bâtissant des villes, en se dotant d’une flotte de guerre, d’une armée permanente, d’une imprimerie…, il permet au peuple et à la nation corse d’avoir la stature et la réalité d’un Etat moderne. Le peuple et la nation Corse ne sont pas nés avec lui : la nation souveraine existait formellement depuis 1735 et la déclaration d’indépendance, quand la nation médiévale son existence remonte à Ugo Colonna et les Cinarchesi comme le revendique justement la Giustificazione delle rivoluzione di Corsica. Cette œuvre politique a fait de Paoli un acteur des lumières italiennes et européennes. C’est cette nation qui fait que Napoléon se reconnaissait comme corse, et seulement comme corse, avant que les évènements ne le projettent vers une destinée hors du commun. C’est de son souvenir qu’au XIXe siècle, pourtant français, on érigea les statues de Paoli et Gaffory.


L’imaginaire national paoliste est né après Ponte Novu en 1769. Certes ce fut une défaite militaire mais cela devint une victoire symbolique, les Thermopyles corses. Vaincu par les armes, ceux qui sont tombés à Ponte Novu ont fait, qu’un siècle et demi plus tard, Petru Rocca et A Muvra érigèrent la croix et la stèle du souvenir au passage du pont alors toujours intact. Auparavant, avec les victoires de Borgu en 1768 et de Capraia en 1767, l’armée de Paoli a prouvé que l’armée corse n’était pas une addition de clans, mais celle d’un peuple versant son sang pour la patrie : une armée nationale. A Capraia c’est la flotte de guerre corse, crée seulement une décennie plus tôt, qui s’illustra de manière décisive. C’est une nation qui fut vaincue à Ponte Novu et non pas des rebelles. C’est ce qui permit à A Cispra d’écrire en 1914 : « la Corse n’est pas un département français mais une nation vaincue qui va renaitre ». Paoli c’est aussi la symbolique nationale : il institutionnalise les symboles de à la nation corse qui le sont aujourd’hui : le drapeau, le 8 décembre, l’image de la vierge à travers la monnaie, l’université, les fêtes… Cette phrase résume sa pensée : « le stemme sono necessarie come il pane ». Deux symboles fixent l’identité corse dans ses représentations : l’immaculée conception et la tête de Maure. La tête de Maure est un symbole de la Reconquista venant d’Aragon, il est clairement stipulé comme symbole d l’ile, avec les quatre têtes de maures sardes, dans l’armorial du GELDRE (Claes Haenens) en Flandre vers 1370. Ce symbole est fréquemment repris, dans les possessions du roi d’Espagne ou des Habsbourg, jusqu’au XVIIe siècle, tout comme dans des peintures italiennes ou des cartes des géographes européens représentant la Corse du XVIe au XVIIIe siècle. La bandera testa mora est hissée dès le début et pendant les révolutions corses (rè Tiadoru, Gaffory…), avec l’immaculée conception et le drapeau des Leca. Paoli la fixe définitivement en 1762 par un vote de la consulta avec une armoirie complète : la tête de Maure est au centre d’un écu avec une couronne royale au-dessus. Ce symbole royal prouve que la Corse est un royaume en titre et en droit. Le généralat de Paoli n’est qu’un régime transitoire dû à la situation de guerre. La Corse est un royaume étant donné son histoire : celle-ci renvoie à la création du royaume de Corse et de Sardaigne par le Pape Boniface VIII en 1297, mais aussi à la Reconquista sur le royaume maure des chroniques médiévales. Si le fonctionnement du régime est républicain autocratique, sa réalité juridique, comme du temps des Génois, est celle du regno di Corsica. L’immaculée conception est protectrice du royaume de Corse, depuis la consulta d’Orezza de 1735. Le 8 décembre et le Dio vi salvi Regina sont directement liés à ce choix. Paoli choisit le 8 décembre et l’immaculée conception pour jour de fête patronale de la ville qu’il a créé : A Paolina Ile Rousse. C’est une part importante de l’héritage paoliste : il reprend celui des révolutionnaires de 1735 s’inspirant du « thomisme » pour justifier l’insurrection contre Gênes. Le rôle de la religion catholique, depuis le concile de Trente, et de Rome dans l’affirmation du sentiment national corse est fondamental. Il contribue à l’émergence de la nation corse moderne. Durant sa réalisation, certes temporaire de 15 ans, Paoli a façonné non seulement la nation, en tant que réalité politique, mais aussi une partie de notre héritage historique et culturel. Son œuvre politique illuminera l’Europe jusqu’au nouveau monde, de Catherine II à Washington, en passant Voltaire et Rousseau. Il continuera son œuvre politique sous la révolution en s’opposant au régime de la terreur, puis en rompant avec la France jacobine en 1793 pour former le royaume Anglo corse. Enfin si Paoli, comme les Corses du XVIIIe siècle, n’ont pas éprouvé le besoin d’ériger la lingua volgare ou dialetto corso en langue écrite et officielle, c’est parce qu’ils considéraient la Corse comme une nation italienne, au sens de l’espace culturel. On parlait corse mais on écrivait en italien, langue officielle du royaume. La langue était constitutive d’un espace culturel mais non d’une réalité nationale. C’est l’opposition avec la république française jacobine du XIXe siècle, qui fera émerger la volonté d’ériger la langue corse en lingua alta, en un des piliers de l’identité nationale corse au XXe siècle. En cette année de l’anniversaire des trois cents ans de sa naissance, nous proposons, comme nous le faisons déjà depuis des années pour le calendrier, que deux dates soient commémorées à partir de cette année : – Le 10 octobre 1768 date de la grande victoire de Borgu, où notre armée nationale a vaincu l’armée du roi de France XV. Cette victoire au retentissement énorme où contingents cismuntinchi et pumontichi combattirent côte à côte sous les ordres de Clémente Paoli et de Giacumu Petru Abbatucci. Cette bataille se doit d’être commémoré à plus d’un titre ; d’abord parce qu’elle est une victoire et qu’elle montre que la nation corse sut être conquérante dans son émulation collective ; ensuite que le général de la nation sut être noble dans celle-ci par le traitement qu’il réserva aux quelques 600 soldats et officiers français prisonniers. – Ensuite le 5 juin 1767, date la prise de Capraia et la capitulation de la garnison génoise. Elle fut la plus grande victoire de la flotte de guerre corse, montrant la capacité de notre nation à projeter sur mer à des fins de conquête. Cela pourrait être également l’occasion pour nous corses d’en faire une grande journée autour de la mer et de ses enjeux environnementaux. Ainsi que de fêter nos liens, à travers l’archipel toscan, avec la Toscane et le monde italien, de Naples à Venise en passant par Rome et Livourne. Ces villes qui jouèrent un rôle si important dans le parcours de Paoli, de la nation et de la diaspora corse au XVIIIe siècle et avant. C’est pourquoi nous interpellons l’assemblée de Corse et le rectorat pour ces jours soit vaqués, et donnent lieu, cette année particulièrement, à des célébrations dans l’ensemble de la Corse. Capraia fut d’ailleurs le lieu d’une magnifique commémoration en 2016 avec une reconstitution du débarquement.

Associu di i Parenti Corsi

 

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