#Corse #Furiani92 – Drame de Furiani. Il y a 20 ans, 18 morts, 2 357 blessés

Il n’y a pas de foot pro ce samedi en France en hommage aux 18 hommes et femmes victimes du drame de Furiani en Corse. Reportage.

C’était il y a 20 ans. Un soir de demi-finale de Coupe de France. Bastia s’apprêtait à recevoir Marseille. Le grand OM, celui qui était allé en finale de la Ligue des Champions, un an plus tôt. Qui allait remporter l’édition 1993. Ce devait être un jour de passion, ce fut un jour de drame. Construite à la hâte, une tribune de 10 000 places, 10 000, construite sur toute la longueur du terrain, s’écroula comme un château de cartes. Faisant basculer dans le vide des milliers de spectateurs. 18 y laissèrent la vie. On totalisa, au milieu des échafaudages brisés, 2 357 blessés

Paralysie partielle pour un journaliste de L’Equipe

« À Bastia, on voit beaucoup de gens en chaises roulantes. » Ainsi parle Jean-Marie Lanoë. Il était journaliste, grand reporter à L’Equipe. Comme nombre de ses confrères, il a chuté du haut de la tribune. 16 mètres. Il s’en est sorti, avec des vertèbres fracturées, une paralysie partielle, 14 mois d’arrêt de travail au total, des traumatismes crâniens, d’autres pour la vie. « Un an après, j’étais retourné là-bas, explique l’actuel grand reporter du magazine France Football. Ça avait été intenable. »

Conjurer ce 5 mai

Il n’a pas remis les pieds à Furiani 19 ans durant. Il y est revenu, voilà peu, pour réécrire, conjurer ce soir de mai. « Ça a été compliqué de faire ce papier. Ça m’a pris la tête. » Il s’étonne que la Ligue n’ait pas vu d’emblée, 20 ans après, qu’il fallait laisser vide cette date dans le calendrier. Qu’il ne fallait pas jouer, surtout pas une finale de Coupe de France, comme c’était prévu. « Pas une victime ne peut accepter ça. »

« J’étais au téléphone avec ma compagne. Et ça a coupé »

Ça. Ce drame qui n’est pas que celui de la Corse, mais celui du foot français. Une sorte de procès du foot business de l’époque. Bastia voulait gonfler sa recette. A voulu construire en 15 jours une tribune supplémentaire de 10 000 places. On a parlé de double billetterie. D’argent nécessaire pour combler le déficit du club, ou renflouer les caisses des nationalistes. Le drame était prévisible. Inéluctable. « Je ne me souviens plus de grand-chose, témoigne Jean-Marie Lanoë. Je n’ai que des flashs. C’est ce qui me permet d’en parler plus facilement. Il était plus de 20 h. J’étais au téléphone, un fixe, avec ma compagne. Je lui disais que j’avais les jetons. Et ça a coupé. »

« Arrêtez de taper des pieds »

Le speaker avait tenté une dérisoire supplique : « Arrêtez de taper des pieds ! » avait-il lancé. La veille, des ouvriers, des pompiers, avaient annoncé que ça ne tiendrait pas. Jean-Marie reprend : « Je refaisais mon papier au fur et à mesure, en décrivant l’ambiance. Je l’avais appelé : La nuit des Maures vivants. En arrivant au stade et en découvrant la tribune, vers 16 h, on était plusieurs à avoir dit : je ne monte pas là-dedans. Un peu par bravade. Des ouvriers travaillaient encore dessus. Et puis, on y est allé, sauf un collègue, qui n’était pas forcément dans l’urgence, et pour qui des voyants rouges se sont allumés. Les spectateurs sont arrivés. On a senti la tribune bouger. Des mouvements de gauche à droite. Plus tard, on m’a dit qu’avant 20 h des pièces métalliques se cassaient petit à petit. »

L’ancien président de Bastia, 19e victime de Furiani ?

C’est Basile Boli l’international, le Marseillais qu’il avait interviewé quelques jours plus tôt, qui le mettra de force dans l’ambulance. « Je lui ai dit : me lâche pas ». La confusion est totale. 2 357 blessés. C’est énorme, inconcevable. Les secours sont dépassés. Les rescapés intubent, perfusent les victimes avec les conseils des docteurs, des infirmiers. Devant les caméras de télé, prévues pour diffuser le match, les rescapés se montrent, pour dire qu’ils sont là. Qu’ils sont vivants. Les hôpitaux sont saturés, des avions affrétés à la hâte pour rapatrier les victimes sur Nice, Marseille.

Pendant les jours suivant le drame, le journal Corse Matin publiera les noms des hospitalisés, l’établissement où ils se trouvent. Des pleines pages. Il y eut un procès. Avant celui-ci, le président de Bastia, principal accusé, fut assassiné. On n’a jamais su s’il était la 19e victime de Furiani.

Dominique FAURIE.

« 20 ans déjà et pour beaucoup d’entre nous c’était hier »

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