@Petru_Poggioli « Economie et social en #Corse »

A l’heure où la mobilisation s’organise (31 Mars) contre une Loi travail qui remet en cause les grands acquis du Code du travail au détriment des conquêtes sociales et des droits des salariés et alors que le Président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni,  a proposé une concertation des syndicats sur le grave problème de l’emploi en Corse autour d’une charte sociale, il faut rappeler le bilan déastreux d’une éonomie imposée à l’île depuis 40 ans : une économie de non-developpement dont les Corses majoritairement, -hormis quelques privilégiés qui tirent leur épingle du jeu, certains s’enrichissant même-, ne retirent que quelques miettes et inconvénients, sur fond de pauvreté de précarité et de chômage.. 
 social-pauvreté

En 2012, les services officiels se gargarisaient des bons chiffres de l’emploi en Corse, l’île étant alors citée comme une des rares régions françaises créatrices d’emplois et résistant le mieux à la crise économique mondiale !

En 2013, il a fallu déchanter, le chômage battant tous les records dans l’île (supérieur à la moyenne française). La crise nous avait rattrappés.

D’où, avec la crise qui touche aussi la Corse, le chômage connait ainsi une progression fulgurante, en dépit des tripatouillages de chiffres pour le relativiser (Cette année, même en cours de saison estivale, le chômage n’a pas diminué et est  supérieur à la moyenne française) malgré les miettes retirées du mirage du tout-tourisme.

Assemblée de Corse-Présidence

La misère et la précarité en Corse[1]

Travailleurs pauvres, mères isolées, titulaires du RSA en augmentation… sans compter les jeunes exclus, les retraités, les chômeurs non répertoriés…  Mais ce chiffre de 50000 personnes est vraisemblablement en deçà de la réalité, s’appuyant surtout sur de statistiques réalisées dans le monde urbain, les Corses des villages, non répertoriés, éprouvant majoritairement une certaine pudeur à se déclarer indigents ou dans le besoin….

En fait le chiffre des 60000 personnes en situation de précarité semble aujourd’hui plus proche de la réalité. Ajaccio compte plus de 16000 personnes (Assises de la pauvreté:  Corté, octobre 2013) vivant au seuil de pauvreté (- 917 euros par mois) sur près de 65000 habitants.

Les services sociaux et les associations caritatives (secours populaire, catholique, croix rouge, restos du cœur  et autres sont débordés par l’afflux des demandes («émanant même de Corses », ce qui est reconnu et mis en avant depuis peu par leurs responsables !)  Selon des chiffres officiels, il y a désormais près de 500 SDF recensés dans l’île, dont beaucoup arrivés ces dernières années dans l’île à la recherche d’une vie meilleure au soleil, et loin de l’insécurité de la rue dans les grandes agglomérations françaises.

Les emplois précaires, les stages-impasses, les emplois ¾ temps (grande distribution) le non respect des droits de salariés et de la législation sociale  dans le droit du travail, et bien sûr la non corsisation de l’emploi à compétences égales…. sont monnaie courante dans une économie du tout-tourisme où seuls les Tours-opérators et les compagnies Low-coast (l’été bien sûr), voire le BTP (avec sous-traitance à de grands groupes  et très peu d’emplois  occupés par des locaux, sans compter le nombre d’entreprises, petites ou moyennes  non-corses dans ce secteur grâce aux résidences secondaires destinées à la m location ou très peu habitées sur l’année qui poussent comme des champignons) tirent leur épingle du jeu (accentuant la dépendance économique de l’île vis à vis des grands circuits de distribution extérieurs) et où les jeunes Corses ne peuvent plus, quant ils ne sont pas concurrencés par d’autres venus d’ailleurs (France, pays du Maghreb ou de l’Est) dans leur majorité que choisir le chômage, la sous qualification ou le départ ailleurs… et pourtant on nous rabâche les oreilles sur le développement de l’île… Alors à l’heure où les évolutions institutionnelles occupent la une et les débats, n’oublions pas que sans réflexion sur les réalités et les problématiques sociales et sociétales de l’île, débouchant sur des solutions appropriées et adaptées, un accompagnement et leur  prise en charge après leur prise en compte, la construction de la Corse de demain ne pourra déboucher sur une société plus juste, plus humaine et surtout plus solidaire entre tous et toutes au sein du peuple corse, avec une plus grande justice sociale et une meilleur répartition des  richesses et des bénéfices de notre économie au profit du plus grand nombre…. Et elle ne pourra alors que reconduire, voire accentuer les injustices sociales que nous devons cerner, dénoncer et combattre  aujourd’hui.

En été 2013, 15000 à 20000 saisonniers sont arrivés dans l’île pour y chercher du travail (France 3 corse-18 septembre 2013) dont une majorité venue de l’Hexagone. Depuis peu, la mode est aux filières des pays de l’est.

A la fin de la saison estivale, une grande partie de ces travailleurs saisonniers ne repartent plus, s’inscrivant au Pôle Emploi (administration peu sensible à la notion de corsisation des emplois pour les locaux, même à compétences égales), ce qui est reconnu officiellement depuis peu. Souvent les patrons et chefs d’entreprise les incitent à s’inscrire au Pôle emploi, leur promettant une éventuelle priorité d’embauche à la belle saison (surtout dans le secteur du tourisme). Ces travailleurs saisonniers quirejoignent la liste déjà longue des chômeurs locaux sont  orientés par le Pôle emploi et autres administrations vers les services sociaux (Falep ou autres) ou les circuits de formation professionnelle, censés « œuvrer pour la formation professionnelle des jeunes Corses » (stages AFPA ou autres) en attendant de trouver mieux pour s’installer définitivement dans l’île où ils pensent que la misère sociale se vit mieux au soleil.

L’immigration en Corse selon l’INSEE  en 1999

En 1999, il y a  14 ans déjà, d’après les chiffres d’alors (recensement – sources INSEE), les populations immigrées, « définies comme l’ensemble des personnes étrangères nées étrangères hors de France et entrées sur le territoire national au cours de leur vie« , sont 26.000 en Corse, soit un taux régional de 10% (taux national de 7,4%). Un chiffre qui place l’île au 2ème rang derrière l’Ile-de-France (1er rang en proportion pour les primo-arrivants à scolariser). Les enfants nés en France de parents immigrés, donc de nationalité française, étaient un peu de plus de 5.000 en Corse en 1999, (par définition ne font pas partie de la population immigrée) souligne l’étude réalisée par l’INSEE. L’étude ne compte pas dans les 26 000 immigrés étrangers, les naturalisés (dont les 5 000 enfants nés en France) et les clandestins… Parmi les immigrés résidant en Corse en 1999, 5.500 avaient acquis la nationalité française, soit une proportion de 21%. L’immigration dans l’île est essentiellement méditerranéenne, avec une prépondérance des Maghrébins et surtout des Marocains, qui représentent 42% du total, contre seulement 12% au niveau national. Avec près de 11.000 personnes, ils forment de loin la plus grande communauté immigrée de Corse, devant les Italiens (4.876) et les Portugais (3.201).

En Corse, les hommes constituent 57% de la population immigrée. Un enfant sur cinq vit dans une famille immigrée. Si plus de 2/3 des immigrés sont d’âge actif (deux tiers d’ouvriers), 23,8% d’entre eux sont au chômage, soit 6 points de plus que la moyenne française

Depuis d’autres étrangers (filières de l’Est) sont arrivés et d’autres enfants sont nés français. En 2011 (Corse-matin : 3 juin 2011) les immigrés sont au nombre de 27 400 (soit 9 % de la population) avec une communauté marocaine qui reste majoritaire et une forte augmentation de Portugais. Aujourd’hui que dans l’île le nombre  de résidents immigrés ou issus de l’immigration se situe entre 35 000 et 40 000 (malgré l’absence de chiffres fiables sur l’immigration clandestine et illégale), soit environ 15 % de la population.

La politique du Tout-tourisme

Voilà le miracle de l’économie touristique, le veau d’or- après qu’on nous ait rabâché durant 40 ans que la Corse se développait… oui c’est sûr, contrairement aux années 60, il y a désormais une « économie » en Corse aujourd’hui, mais excluant de ses bénéfices et retombées financières la majorité de la population qui elle, s’appauvrit.

Après les années des 30 glorieuses où beaucoup de familles corses sont sorties de la pauvreté (sutout dans les villages) réussissant à faire faire des études poussées à leurs enfants, – aujourd’hui à nouveau confrontées à de difficultés de plus en plus prégnantes, car retraités ou obligés d’aider leurs enfants à trouver du travail ou à s’exiler à nouveau-.. surtout parmi les classes intermédiaires, et ce alors que la pauvreté et la précarité (jeunes, retraités, chômeurs) se développe, sur fond de chômage record ( 23000 chômeurs en janvier sur une population de 320000 âmes))…  L’accès aux formations, aux études, à l’emploi, au logement de plus en plus interdits de facto aux Corses, les résidences secondaires elles, poussent comme des champignons mais elles sont réservées à des gens non résidents qui loueront ou revendront (avec culbute financière). Les Corses eux attendent les miettes de cette non-économie alors qu’une société à deux vitesses s’installe, une minorité dont quelques familles corses se partageant le gâteau en servant d’intemédiaires aux grands secteurs financiers (hommes de paille pu prête-noms)..

Les petits (agriculteurs,commerçants, pêcheurs, artisans, entrepreneurs..) s’essoufflent face aux grandes marques et grandes enseignes qui s’installent (plus fort taux d’implantation de France avec l’aval complice des autorités) renforçant la dépendance avec l’extérieur et étouffant toutes vélleités de politique productive en Corse… tandis que la socièté corse doit de plus en plus subir l’emprise mafieuse règlant le tempo économique dans l’île (clientélisme et délinquance)

Une économie résidentielle, de “non-développement”  

Alors que les Corses éprouvent de plus en plus de difficultés à se loger (même à louer) et n’ont pratiquement plus accès (hormis une minorité de privilégiés) à la propriété foncière, les constructions immobilières, dont les résidences secondaires (souvent occupées quelques semaines seulement par les propriétaires non-corses, et louées à prix d’or pour la saison estivale) se multiplient. L’INSEE en recense plus de 70000 ! (contre 125 000 résidences principales). En 1975, on dénombrait 70000 habitations principales pour 10000 résidences secondaires ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le nombre croissant  des résidences secondaires dans l’île est éloquent…

Augmentation du chômage

Aujourd’hui, il se développe, progressant y compris en août, en pleine saison touristique, poursuivant sa hausse depuis près de deux ans… et on nous rabat les oreilles sur une économie corse qui se développe depuis plusieurs années !

Novembre 2015, sa progression se poursuit dans l’île. Résultat du soi-disant-développement économique du total-tourisme imposé à l’ïle depuis 40 ans.

Fin novembre 2014 :  Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi de catégorie A s’établit à 18440 personnes en Corse.  Sur un an, il est en hausse de 3,5%.(En 2014, il avait déjà augmenté de près de 11,5 % sur l’année). Dans l’Hexagone, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A diminue de 0,4% par rapport à la fin novembre 2015 (+2,5% sur un an).

Fin novembre 2015 : En Corse, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi de catégories A, B, C s’établit à 22464 personnes. Sur un an, il augmente de 5,6%. Dans l’Hexagone, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégories A, B, C croît de 0,1% par rapport à la fin novembre 2015 (+5,1% sur un an) Chiffres Direcc/Pôle emploi..

Fin Février 2016 : Hausse sensible du  nombre de demandeurs d’emploi sans activité (Catégorie A) atteint 18432 et augmente de 0,5% comparé au mois précédent (soit +89 personnes) et de 0,8% par rapport aux données d’il y a un an.Toutes catégories confondues, ils sont 22 316 inscrits en Corse,

Une jeunesse en péril

Sur fond d’urbanisation anarchique et de développement du tout-tourisme, avec la perte de certaines valeurs et le manque de repères, de multiples fléaux guettent notre jeunesse : Alcoolisme, drogue, délinquance, précarité, exclusion, manque de formation…la liste n’est pas exhaustive. Les services officiels mettant souvent en avant le rang peu enviable qu’elle occupe dans certains secteurs liés à la santé (obésité, alcoolisme, hépatites, sida….)

Pseudo-croissance

3 juin 2014 : La Corse en tête du classement (source INSEE – étude sur la croissance entre régions de France) !     

« En France, depuis le début des années 1990, la croissance du produit intérieur brut n’a été interrompue que par les récessions de 1993, puis de 2008-2009. Ces grandes évolutions se sont cependant déclinées différemment selon les régions » (Insee).

La Corse s’en sort le mieux, affichant la plus forte croissance de ces 20 dernières années (croissance moyenne – hors outre-mer – de 2,6%, 1993- 2011).   « Seule région » à ne pas avoir subi “de baisse de son PIB en 2008-2009”, elle connaît une augmentation de 1,9% sur cette période 1993-2011 .

Insee : “la démographie favorise la croissance des régions atlantiques et méditerranéennes”. Pour autant, “les disparités dans les évolutions économiques régionales ne résultent que très partiellement du profil d’activité de chaque région. A noter que cette démographie « positive » dans l’île  est due aux  nouveaux arrivants dans l’île depuis 2000, (avec, chaque année depuis,  près de 5000 nouvelles inscriptions sur les listes électorales). En fait ces nouveaux arrivants (la colonisation de peuplement qui  se renforce)  constituent le nouveau «marché intérieur de l’île”. 

Ce que les observateurs « politiquement corrects » se sont privés bien sûr de mettre en avant et confirmé à mots couverts par l’INSEE… Interview Alexandre  Bourgeois, chef du service études et diffusions-Corse-matin/4 juin 2014.  Question : L’INSEE s’est interressé à une tranche de 20 ans qui s’arrête en 2011. En 2014, la croissance est-elle toujours d’actualité ?

Réponse : « Cette enquête n’est rien de moins qu’une rétrospective permettant d’avoir une vision structurelle du fonctionnement de l’économie insulaire. Nous ne disposons pas de données plus récentes pour l’instant. L’année 2011 marque une nette inflexion pour l’île, avec une croissance de seulement 1 % contre une moyenne de 2,3 % en Province. L’économie insulaire se classe dés lors à la 20ème place des régions métropolitaines en matière de croissance. En termes  de conjoncture, depuis 2011, nous sommes entrés dans une période où le PIB dans l’île progresse moins vite qu’ailleurs, de stagnation donc, averc une croissance sans doute plus faible que dans l’Hexagone”. Tout ceci éclaire d’autant plus ce que j’écrivais dans l’article du 29 mai 2014, suite aux nouveaux chiffres du chômage dans l’île, plus important que dans l’Hexagone.

Poggioli Pierre

[1] Cf. Corse-matin du mercredi 1er décembre 2012 : Titre à la une : 50000 personnes (soit un hab. sur 6, près de 20 % de la population) touchées par la précarité.

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