Edito Municipales en #Corse : fallait-il vraiment que quelque chose change pour que tout reste comme avant ?

La raclée subie par le gouvernement aux municipales de 2014, pour monumentale qu’elle soit, n’en demeure pas moins le lot habituel des majorités présidentielles en période de crise. C’est même une des constantes de la Vème à l’agonie…

On aurait tort néanmoins d’appliquer aux élections de Corse la grille de lecture hexagonale. Elle n’aurait aucune pertinence dans une région où les mots « gauche » et « droite » n’ont aucune signification particulière et où les anciens membres du Kominform se sont convertis au nationalisme bleu blanc rouge. Le véritable clivage ne se fonde pas sur les schémas idéologiques hérités de la Constituante de 1789, il se joue entre chefs de partis, la plupart attachés au dogme jacobin -c’est à dire à la corne d’abondance- et d’autres qui revendiquent, depuis que c’est la mode, un droit à la différence à géométrie variable.

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Comme le veut la nouvelle géographie de la Corse, trois élections paraissaient déterminantes dans une perspective qui, à l’évidence, dépassait le cadre de la simple gestion communale et les querelles de cloche-merle : Aiacciu, Bastia et Porti Vechju. Des peuples en lutte pour leur émancipation dans l’Europe contemporaine, les Corses ont cet avantage-par rapport aux Irlandais et aux Basques notamment-de ne pas s’opposer sur l’essentiel. Il n’existe pas au sein du nationalisme corse de différences doctrinales qui soient rédhibitoires, seuls à ce jour des « sensibilités différentes » , des antagonismes d’ego ou des stratégies opportunistes continuent à desservir l’unité du Mouvement National.

Pour I Naziunali, l’enjeu était stratégique. Il consistait à obtenir dans ces trois villes , qui représentent numériquement près de la moitié du corps électoral mais bien plus encore en terme d’impact économique, social et politique, des résultats significatifs. Tout ce que l’on retiendra des résultats, c’est que les supporters des équipes gagnantes à Aiacciu comme à Bastia, ont brandi triomphalement les bandere. Compte tenu des circonstances, on peut considérer que la tête de Maure qui figure désormais sur le saucisson, le pâté de merle et les épaulettes des gendarmes, est à ranger dans la vitrine des curiosités folkloriques.

Le Mouvement National n’est pas plus perdant à Porti Vechji qu’il n’est gagnant à Bastia !

A Aiacciu, le manque de préparation ou la maladresse des uns et des autres a empêché la concrétisation d’un contrat de mandature équitable. Il aurait consacré l’union stratégique des nationalistes sur la ville la plus importante de Corse et ouvert des perspectives pour les Territoriales. Les nationalistes qui ont gagné, comme ceux qui ont perdu, vont très vite prendre conscience qu’on ne laisse pas impunément la Nation à la porte d’une mairie ou de l’Assemblée de Corse. L’oublier au nom d’une prétendue « real politik » repousserait aux calendes grecques la réalisation des aspirations nationales.

L’échec de Porti Vecjhu annonce non seulement une longue traversée du désert pour le leader du PNC mais bien plus encore une catastrophe économique, culturelle et sociale pour toute la région. Là encore, comme à Bastia et comme à Aiacciu, tout le monde a fait comme si dans ces trois villes hypertrophiées par rapport au reste de la Corse, se jouaient une élection communale a l’usu anticu. On ne saurait se tromper davantage! Les enjeux y concernaient la Corse entière, son avenir et son projet de société. Sur le plan politique en premier lieu: la droite apparaît plus que jamais déterminée à combattre toute idée nationale corse autant que la gauche la plus archaïque  et le fait d’agiter la bandera n’est pas autre chose qu’une démarche de marketing électoral. A cet égard la petite phrase venimeuse de José Rossi à Cuntrastu  qui faisait l’amalgame entre « les extrémismes nationaux et régionaux » nous donne à réfléchir sur l’état d’esprit de cette « droite ».

Le PRG bastia fait lui la bonne affaire: il se débarrasse dans le même temps du boulet Zuccarelli et des survivants du PCF. Et François Tatti est tellement sûr d’avaler Gilles Simeoni dans 6 ans en récupérant l’électorat traditionnel, que cela valait bien une messe devant la statue du Babbu…

Les questions importantes attendront, elles concernent pourtant ces trois villes, ou plutôt ces trois territoires. Car il faudra bien un jour ou l’autre que leurs représentants fassent clairement entendre leur position sur l’indispensable réforme institutionnel quand l’organisation actuelle de la Corse ne correspond en rien au « pays réel », sans attendre que Paris ne le fasse-mal- dans le but de trouver ces fameux 50 milliards d’économies.

Il y a là, semble-t-il, une vraie inversion de perspectives entre Corses qui attendent une réponse spécifique et gouvernants parisiens qui subordonnent la solution corse à la réforme de la Vème. On se trompe, la Vème République ne se réformera qu’en disparaissant au profit d’une VIème République intégrée à une Europe qui reste à faire. Au bal des cocus, il y a eu ceux qui ont fait tapisserie et ceux qui ont gagné le concours de tango. Mais quand « l’accordéon expire » il faut aller se rasseoir bien sagement, enfiler son écharpe et attendre le tempo du chef d’orchestre: on a les fausses victoires qu’on mérite.

Ghjacumu Petru

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CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

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Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]

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