#Corse – « Le Noël des culturels » par @F_Alfonsi

I Muvrini donnant un super-show de solidarité contre la précarité à Aiacciu, Jean Paul Poletti en grève de la faim à Sartè : le contraste est saisissant qui témoigne, en cette veille de noël, d’une crise de la société corse dans son rapport au monde culturel. Il serait plus que temps de rétablir les choses au niveau des institutionnels, à commencer par l’Assemblée de Corse.

Jean François Bernardini et i Muvrini ont donné un super gala de solidarité qui a marqué les esprits à Aiacciu à la demande du collectif animé par le docteur Pernin. Non que la parole de François Pernin soit faible : il a su régulièrement délivrer tous les messages d’humanité nécessaires, dans la presse et sur les ondes, et expliquer à tous que la précarité est un cancer pour une société et qu’il faut se mobiliser pour l’éradiquer. Mais aucune parole, aussi juste soit-elle, ne remplace l’empathie créée par celui dont le talent artistique sait toucher les cœurs et faire communier les esprits.

Une cause ne doit pas seulement être comprise, il faut qu’elle soit partagée. C’est le rôle des artistes de mobiliser les esprits, et Jean François Bernardini est de ces artistes dont l’action créative accompagne l’éclosion d’une conscience humaniste en Corse, et contribue à en propager les ondes partout en Europe. Les concerts de Jean François Bernardini font salle pleine à Bruxelles et dans de multiples villes de France et d’Europe. Mesure-t-on les conséquences de cette aura artistique? Car l’envie de connaître la Corse qu’elle provoque génère des retombées économiques considérables.

I Muvrini ont su structurer leur indépendance économique grâce à leurs succès artistiques, mais leur entreprise est toujours risquée. Trouveraient-t-ils le soutien de la société corse si demain ils trébuchaient? Rien n’est moins sûr car le pendant de leur réussite est l’ombre qu’elle fait à de trop nombreux anonymes du monde culturel et d’ailleurs. Ce qui a été fait pour le vaisseau amiral du sport insulaire, le Sporting de Bastia, pourrait-on l’imaginer pour la plus grande entreprise culturelle corse, malgré les preuves apportées de son irremplaçable talent? Que faudrait-t-il faire pour en être sûrs?

En effet, les multiples tracas subis par Jean Paul Poletti sont là pour attester d’une insupportable ingratitude de la société corse envers ses meilleurs artistes. L’apport de ce très grand auteur-compositeur-interprète à la langue corse est inestimable. Car une langue ne doit pas seulement être officielle, ou enseignée, ou présente sur les ondes. Il faut qu’elle soit aimée. Les poésies de Jean Paul Poletti font aimer la langue corse, la musique dont il les accompagne les porte au cœur de celui qui les écoute. Et si celui-ci connaît encore mal la langue corse, elles vont lui parler quand même et l’amener à chercher par tous les moyens à progresser. De plus, il faut ajouter à son œuvre son rôle militant majeur dans la propagation du riacquistu depuis maintenant quarante ans puisque l’on a fêté cette année l’anniversaire de la création de Canta u Populu Corsu en 1973 par Jean Paul Poletti, Pierre Guelfucci et Minicale.

Pourrait-on réaliser que cet apport est inestimable et convaincre enfin une bureaucratie tatillonne, ou médiocre, ou mal intentionnée, d’arrêter une bonne fois pour toutes le harcèlement malsain qu’elle exerce à son encontre ? Car c’est à cadence continuelle qu’on lui envoie les huissiers, les contrôleurs du fisc et les sanctions disciplinaires, au premier prétexte, et, j’ai pu le vérifier sur pièces, y compris de façon totalement arbitraire et infondée. Comme si son talent lui attirait un surcroît de vindicte.

Minicale renvoyé au chômage et à la précarité, Jean Paul Poletti voué aux gémonies, Jean François Bernardini trop souvent minoré et écarté : il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans les rapports entre la société corse et le monde culturel.

Il serait grand temps d’en prendre conscience et de réformer enfin cette relation qui s’enlise dans un clientélisme qui perd de vue l’essentiel. Pour cela, l’Assemblée de Corse devrait montrer l’exemple. Elle fait exactement le contraire.

(…)

CorsicaInfurmazione.org by @Lazezu 

Revue de Presse et suite de l’article  : 

François ALFONSI

Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]

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