#Corse – Jean-Guy Talamoni: « Les Corses vont s’en sortir ensemble »

Invité de Cuntrastu dimanche soir sur France 3 Corse Via Stella, Jean-Guy Talamoni a commenté l’actualité de manière plus apaisée que de coutume. Il s’est montré plutôt confiant en l’avenir.Les fondamentaux demeurent mais on perçoit une évolution subtile dans le ton et la posture. On a connu le leader nationaliste pugnace, enflammé, incisif, provocateur, prompt à la diatribe, arc-bouté sur ses convictions, la main sur sa bible en langue corse.

Le discours est constant sur le fond, mais on ne reconnaît pas la forme, bien plus apaisée. Jean-Guy Talamoni se sent-il moins seul, mieux compris ?

À bien y regarder, c’est le contexte qui a changé. Le leader du groupe Corsica Libera le dit lui-même : « Depuis mars 2010, le climat s’est amélioré considérablement à l’assemblée de Corse, avec tous les groupes. Un travail se fait en commission sur des sujets fondamentaux. Nous dialoguons avec les élus les plus éloignés de nous. Des choses se passent, c’est notamment le cas avec le Padduc. Une confiance s’installe entre élus d’opinions différentes ».

« Il y a une voie »

Alors que la situation de l’île connaît un seuil critique, que les nuages s’accumulent, Jean-Guy Talamoni, voit, paradoxalement, l’horizon s’ouvrir et il semble porté par l’espoir d’aboutir.

« Il y a aujourd’hui une possibilité d’en sortir, nous y croyons, il y a une voie, les Corses vont s’en sortir ensemble ou ne pas s’en sortir ! »

Cette décrispation dans le propos et dans l’approche favorisera-t-elle aussi de meilleures relations entre la Corse et Paris ?

Invité de Cuntrastu, diffusée hier soir sur France 3 Corse Via Stella et RCFM, au lendemain de la visite en Corse des ministres de l’Intérieur et de la Justice, Jean-Guy Talamoni a commenté une actualité riche en événements pauvres, et dévoilé un visage plus serein que de coutume. Il était interrogé par Jean-Vitus Albertini, (France 3 Corse), Roger Antech (Corse-Matin) et Patrick Vinciguerra (RCFM).

Du changement depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande ?

Talamoni reste prudent mais admet « qu’aujourd’hui, on peut discuter alors que le dialogue était rompu avec l’ancien gouvernement. Il y a une certaine détente,dit-il,mais on ne peut encore présager de rien ».

Des déclarations ministérielles, il retient, avant tout, la volonté affichée de Manuel Valls d’un « nécessaire changement d’orientation », et en prend acte.

La violence ? Elle est le fait « des gouvernements successifs ».Et il incombe à l’État de la combattre en exerçant ses compétences : « Nous n’avons pas de conseils à donner. Bien sûr, nous serions favorables à un transfert de ces compétences mais pour le moment, nous ne sommes que 4 élus sur 51 à partager cette position ».

La Corse serait-elle en mesure d’exercer de tels pouvoirs ?

« Dans l’histoire de notre île, le seul moment où le banditisme a reculé, c’était sous les gouvernements nationaux, avec Paoli et Gaffory. Mais on n’est pas près de voir ces compétences transférées à l’assemblée qui, d’ailleurs, n’a rien demandé. Ceci dit, les Corses ne pourraient pas faire plus mal que ce qu’a fait Paris pendant des décennies ».

Violence toujours à travers la guerre immobilière, et Jean-Guy Talamoni ne met pas les gants pour pointer une « mafia » qui s’empare de « pans entiers de l’économie ».

« Les appétits sont aiguisés »

« Il est impossible aujourd’hui pour quelqu’un d’honnête d’exercer dans ce domaine, et nous le dénonçons. Mais ce qui nous intéresse, c’est le développement économique de la Corse et nous pensons que les orientations choisies par l’assemblée à travers le nouveau Padduc, sont de bon augure. Il faut prendre le contre-pied de ce qui a été fait pendant des années de mandature ».

Quelle solution pour freiner la flambée des prix de l’immobilier ? « Plus 25 % en un an, en Haute-Corse ! Les groupes mafieux veulent faire de l’immobilier leur chasse gardée. Les appétits sont aiguisés, cela crée une situation explosive. Il faut traiter au fond la question, faire baisser les enjeux. C’est le sens de notre proposition qui impose dix ans de résidence pour acheter un bien immobilier.»

« Des dérives »

Violence, encore, avec« l’élimination physique »revendiquée par le FLNC de Christian Leoni, en octobre 2011, pour venger l’assassinat de Philippe Paoli, militant de Corsica Libera.

Un élu responsable peut-il ne pas condamner un tel acte ?

« Nous avons une position de principe avec le FLNC, une solidarité politique. Elle n’a pas évolué. Dans le temps, le FLNC a fait preuve de franchise à l’égard des Corses, une confiance s’est installée. Nous avons perdu un membre de notre exécutif, un ami. Nous croyons à l’explication donnée par le FLNC. Et cette situation, personne ne l’a choisie. »La société corse et les nationalistes dont certains ont versé dans l’affairisme, ont-ils une part de responsabilité face à cette violence ?

Jean-Guy Talamoni ne nie pas « des dérives »mais déplore que l’on relève systématiquement l’étiquette nationaliste. « On ne peut être garants de milliers de Corses qui ont voté pour nous par le passé. Et il y a aussi des antinationalistes dans le banditisme ! ».

Faut-il des lois spécifiques pour sortir de la violence ?

« En tant qu’avocat, je suis contre les dispositifs d’exception qui sont extrêmement dangereux. Le droit commun est plus respectueux du fonctionnement démocratique. »

« Contrôler les fonds publics »

Que peut-on attendre de la commission violence à l’assemblée de Corse ?

« C’est un message positif à l’adresse de la société corse. Ce travail de fond est nécessaire. Mais il n’y a pas de baguette magique pour mettre un terme aux assassinats ». Que propose Corsica Libera ?

« Il faut une transparence totale, la CTC doit montrer à l’opinion qu’elle n’est en rien concernée par les dérives mafieuses. On propose un organisme de contrôle des fonds publics et d’évaluation des politiques publiques, placé sous la direction d’un conseil d’administration. L’assemblée a validé le principe de l’évaluation mais considère que le contrôle des fonds publics relève de la chambre des comptes ».Quant au statut de résident, il ne doit pas inspirer de craintes : « faire baisser les enjeux, n’entraînera pas un effondrement des prixMais on pourrait retrouver le niveau des prix pratiqués il y a 10 ou 15 ans, et qui permettaient aux professionnels de gagner leur vie. S’il faut dix ans de résidence pour acquérir un bien, les prix vont mécaniquement baisser. C’est un dispositif indispensable. Aujourd’hui, pour acquérir un bien dans son quartier ou dans son village, il faut être richissime ! »

http://www.corsematin.com/article/assemblee-de-corse/video-jean-guy-talamoni-les-corses-vont-sen-sortir-ensemble.834728.html

Corsica Infurmazione, L’information Corse
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